Rêvons le temps d'introduire à cette première dimension des monnaies complémentaires. A quoi pourrait ressembler une école qui, toutes à la fois, aurait le quadruple avantage de stimuler et démultiplier les capacités d'apprentissage, de contribuer à résoudre le problème économique du financement des études supérieures, serait construite sur la base d'une justice sociale mettant à égalité riches et pauvres, et, cerise sur le gâteau, développerait en priorité des rapports de coopération plutôt que de concurrence entre les élèves? Et, quel rôle aurait à jouer là-dedans les questions monétaires?
"Ce n'est pas au nom du gouvernement, même républicain, ni même au nom du peuple français, que l'instituteur confère son enseignement: c'est au nom de la vérité." (Manifeste des instituteurs syndicalistes, 1905) RIP
mercredi 3 juillet 2019
dimanche 28 avril 2019
Vidéothèque
Elle est ordonnée en deux parties: les documentaires et les conférences/entretiens. La plupart figurent déjà, en divers endroits, sur ce blog. Pour les vidéos que je n'ai pu incruster ici, il suffit de cliquer sur le titre pour être renvoyé à leur lien sur le Web.
mercredi 3 avril 2019
Bibliographie de la BAHM
Mise à jour, 22-06-2019
Liste de textes importants utilisés pour la BAHM. Par ailleurs, elle inclut aussi bien des ouvrages de philosophie que d'autres disciplines conformément au fil conducteur de l'interdisciplinarité qui parcourt tous les travaux présentés ici; je m'en suis expliqué dans, Qu'est-ce que pourrait être un enseignement de philosophie à vocation émancipatrice.Terminons enfin en précisant qu'on ne trouvera pas d'oeuvres romanesques, poétiques ou d'autres genres encore, dont un certain nombre le mériterait amplement, à mes yeux. Il y a déjà largement de quoi faire avec la liste qui suit.
Les textes sont rangés par ordre croissant de difficulté.
Liste de textes importants utilisés pour la BAHM. Par ailleurs, elle inclut aussi bien des ouvrages de philosophie que d'autres disciplines conformément au fil conducteur de l'interdisciplinarité qui parcourt tous les travaux présentés ici; je m'en suis expliqué dans, Qu'est-ce que pourrait être un enseignement de philosophie à vocation émancipatrice.Terminons enfin en précisant qu'on ne trouvera pas d'oeuvres romanesques, poétiques ou d'autres genres encore, dont un certain nombre le mériterait amplement, à mes yeux. Il y a déjà largement de quoi faire avec la liste qui suit.
Les textes sont rangés par ordre croissant de difficulté.
lundi 29 octobre 2018
7) Philosophie de la monnaie: la dynamique émancipatrice de la forme-argent (suite et fin). L'argent et l'égalité
Notions du programme en jeu: la politique, la société et l'Etat, la justice et le droit, les échanges, la religion
L'argent, c'est aussi de l'égalité frappée
Pour paraphraser Hegel, on peut donc tout aussi bien dire que l'argent, c'est de l'égalité frappée:"la monnaie moderne est donc d'abord de l'égalité frappée [...] Elle garantit qu'en principe un vaut un et que tous ont droit à un égal accès aux biens, quelle que soit leur valeur sociale..." (Caillé et Godbout, L'esprit du don, p. 165) Il est évident que cela paraîtra extrêmement choquant pour beaucoup d'associer argent et égalité dans un monde comme le nôtre où nous le lions forcément à des inégalités extrêmes entre ceux qui en ont des quantités exorbitantes, jusqu'à ne plus savoir quoi en faire, et d'autres qui en sont totalement dépourvus. Nous touchons là les limites de ce processus d'égalisation, dont il sera question dans les parties suivantes. En attendant, cette situation actuelle ne doit pas non plus nous barrer l'accès à la compréhension du fait que, l'économie fondée sur l'argent a pu, à un certain niveau de son développement, jouer un rôle essentiel dans un processus d'égalisation des conditions sociales.
Pour donner d'emblée la structure d'ensemble de cette dynamique, d'un point de vue sociologique, on peut dire que la diffusion de l'argent dans l'économie va aboutir à un abaissement des classements supérieures conjointement avec une élévation des classes inférieures. Il va donc avoir la vertu d'égaliser les statuts sociaux. Dans cette mesure, son extension coïncide, sociologiquement, avec l'émergence des classes moyennes, typique des sociétés modernes. En ce premier sens déjà, comme l'a bien montré Simmel, "l'argent [...] est une figure absolument démocratique..." (Simmel, Philosophie de l'argent, p. 564) Politiquement, la diffusion de l'argent a permis d'élargir le champ de la démocratie à des couches pauvres qui en étaient jusque là exclues. En réalité, le phénomène remonte aux origines grecques de l'extension de la démocratie dans l'antiquité. C'est donc de là qu'il faut partir pour retracer l'ensemble du processus. On verra ensuite comment l'époque moderne n'a fait que reprendre et universaliser ce processus de démocratisation par le véhicule de l'économie monétaire.
L'argent, c'est aussi de l'égalité frappée
Pour paraphraser Hegel, on peut donc tout aussi bien dire que l'argent, c'est de l'égalité frappée:"la monnaie moderne est donc d'abord de l'égalité frappée [...] Elle garantit qu'en principe un vaut un et que tous ont droit à un égal accès aux biens, quelle que soit leur valeur sociale..." (Caillé et Godbout, L'esprit du don, p. 165) Il est évident que cela paraîtra extrêmement choquant pour beaucoup d'associer argent et égalité dans un monde comme le nôtre où nous le lions forcément à des inégalités extrêmes entre ceux qui en ont des quantités exorbitantes, jusqu'à ne plus savoir quoi en faire, et d'autres qui en sont totalement dépourvus. Nous touchons là les limites de ce processus d'égalisation, dont il sera question dans les parties suivantes. En attendant, cette situation actuelle ne doit pas non plus nous barrer l'accès à la compréhension du fait que, l'économie fondée sur l'argent a pu, à un certain niveau de son développement, jouer un rôle essentiel dans un processus d'égalisation des conditions sociales.
Pour donner d'emblée la structure d'ensemble de cette dynamique, d'un point de vue sociologique, on peut dire que la diffusion de l'argent dans l'économie va aboutir à un abaissement des classements supérieures conjointement avec une élévation des classes inférieures. Il va donc avoir la vertu d'égaliser les statuts sociaux. Dans cette mesure, son extension coïncide, sociologiquement, avec l'émergence des classes moyennes, typique des sociétés modernes. En ce premier sens déjà, comme l'a bien montré Simmel, "l'argent [...] est une figure absolument démocratique..." (Simmel, Philosophie de l'argent, p. 564) Politiquement, la diffusion de l'argent a permis d'élargir le champ de la démocratie à des couches pauvres qui en étaient jusque là exclues. En réalité, le phénomène remonte aux origines grecques de l'extension de la démocratie dans l'antiquité. C'est donc de là qu'il faut partir pour retracer l'ensemble du processus. On verra ensuite comment l'époque moderne n'a fait que reprendre et universaliser ce processus de démocratisation par le véhicule de l'économie monétaire.
dimanche 2 septembre 2018
6) Philosophie de la monnaie: la dynamique émancipatrice de la forme-argent (suite). L'argent et la liberté
Notions du programme en jeu: la liberté, les échanges, le devoir, la politique, la société et l'Etat, la justice et le droit, le travail
"L'argent c'est de la liberté frappée"
Le philosophe Hegel avait déjà parfaitement synthétisé ce dont il va s'agir ici quand il prétendait que "l'argent c'est de la liberté frappée." En effet, l'extension de l'économie basée sur l'argent a rendu possible un processus de libération des liens de domination personnelle de la société féodale. Ceux-ci étaient fondamentalement des liens d'endettement perpétuel asservissant celui qui reçoit la charité à celui qui la donne: la caritas (charité) est la vertu cardinale de la féodalité. C'est ce que j'ai appelé, à la suite de l'ethnographe Florence Weber, la logique du don injurieux qui asservit à vie le receveur à son généreux bienfaiteur (voir, 3c. Le don injurieux).
"L'argent c'est de la liberté frappée"
Le philosophe Hegel avait déjà parfaitement synthétisé ce dont il va s'agir ici quand il prétendait que "l'argent c'est de la liberté frappée." En effet, l'extension de l'économie basée sur l'argent a rendu possible un processus de libération des liens de domination personnelle de la société féodale. Ceux-ci étaient fondamentalement des liens d'endettement perpétuel asservissant celui qui reçoit la charité à celui qui la donne: la caritas (charité) est la vertu cardinale de la féodalité. C'est ce que j'ai appelé, à la suite de l'ethnographe Florence Weber, la logique du don injurieux qui asservit à vie le receveur à son généreux bienfaiteur (voir, 3c. Le don injurieux).
jeudi 2 août 2018
5) Philosophie de la monnaie: la dynamique émancipatrice de la forme-argent. L'argent et le principe d'économie d'énergie
Cette dynamique émancipatrice qu'a enclenché la forme-argent sera étudiée d'un triple point de vue. Comment d'abord elle a pu rendre possible un formidable développement de la culture: ce qu'on a appelé la Renaissance, qui s'amorce dès le XIIIème siècle, puis la naissance des sciences et de la philosophie moderne ne sont pas compréhensibles sans l'extension de l'économie fondée sur l'argent. Il faudra ici mobiliser le concept d'économie d'énergie, tel que l'a élaboré le philosophe et sociologue Georg Simmel (1858-1918), pour comprendre comment l'argent a pu permettre de libérer une fantastique quantité d'énergie pour les tâches supérieures de la culture.
mercredi 27 juin 2018
Un cas d'école des problèmes que pose Wikipédia: la Charte des forêts
C'est la première fois que je me donnais la peine de rédiger un article sur Wikipédia pour réparer un gros manque, à propos de la Charte des forêts promulguée en 1225. On ne trouvait rien dessus. Et cela n'a pas été simple; mais ce cas est en même temps très instructif des rapports de pouvoir qui se jouent dans un commun de la connaissance comme Wikipédia.
dimanche 24 juin 2018
1) Etude des communs à partir des principes dégagés par Elinor Ostrom. Présentation
Notions du programme: la politique, la société et l'Etat, le droit et la justice, la liberté, la culture, l'histoire, les échanges, la raison et le réel.
Ici aussi, la compréhension de ce chapitre sera facilitée par la prise en compte des principes d'intégration économique de la réciprocité, de la redistribution et de l'échange, vus dans une partie antérieure. Ils forment un des principaux socles sur lequel est bâtie toute la structure du cours (on peut laisser de côté, il me semble sans trop de dommage, pour simplifier l'étude, la quatrième forme d'intégration économique, celle de l'administration domestique).
Les communs au-delà du marché et de l'Etat
Ce chapitre, tellement important à mes yeux, fait suite à toute une série de conclusions auxquelles j'étais parvenu, convergeant pour faire ressortir la notion de commun. En premier lieu, je renvoie à l'épilogue de la série Bleu-blanc-rouge, aperçus d'une philosophie et d'une contre-histoire politiques modernes, qui mettait en évidence la notion de commun comme devant donner lieu à une étude à part. J'en étais arrivé à la conclusion que le seul terme aujourd'hui capable de remplacer celui de "socialisme", qui a fait son temps à force d'avoir été usé dans tous les sens pour lui faire dire tout et son contraire, est celui de "commun": il a exactement les mêmes vertus opératoires qu'avait à l'origine le mot "socialisme".
Ici aussi, la compréhension de ce chapitre sera facilitée par la prise en compte des principes d'intégration économique de la réciprocité, de la redistribution et de l'échange, vus dans une partie antérieure. Ils forment un des principaux socles sur lequel est bâtie toute la structure du cours (on peut laisser de côté, il me semble sans trop de dommage, pour simplifier l'étude, la quatrième forme d'intégration économique, celle de l'administration domestique).
Les communs au-delà du marché et de l'Etat
Ce chapitre, tellement important à mes yeux, fait suite à toute une série de conclusions auxquelles j'étais parvenu, convergeant pour faire ressortir la notion de commun. En premier lieu, je renvoie à l'épilogue de la série Bleu-blanc-rouge, aperçus d'une philosophie et d'une contre-histoire politiques modernes, qui mettait en évidence la notion de commun comme devant donner lieu à une étude à part. J'en étais arrivé à la conclusion que le seul terme aujourd'hui capable de remplacer celui de "socialisme", qui a fait son temps à force d'avoir été usé dans tous les sens pour lui faire dire tout et son contraire, est celui de "commun": il a exactement les mêmes vertus opératoires qu'avait à l'origine le mot "socialisme".
samedi 16 juin 2018
4) Philosophie de la monnaie: du sym-bolique primitif au dia-bolique moderne
Les deux origines de la monnaie
La monnaie a deux origines bien distinctes. Celle dont nous avons hérité appartient aux cultures de l'écrit et a une origine politique dans l'Etat. Elle peut être retracée précisément pour ce qui est de l'Occident, comme on le verra par la suite. L'autre origine se perd dans la nuit des temps, c'est donc celle des cultures de l'oral qui ne connaissent pas l'institution de l'Etat. Ce dédoublement de l'invention de la monnaie fait que l'on a affaire à deux types à tel point différents l'un de l'autre, qu'on a été amené à prétendre que cela relevait de l'abus de langage de parler de monnaies à propos de ces biens précieux des sociétés primitives. Quoi de commun entre un cochon que l'on sacrifie pour un être surnaturel et la pièce d'un euro qu'on utililise pour acheter une baguette?
La monnaie a deux origines bien distinctes. Celle dont nous avons hérité appartient aux cultures de l'écrit et a une origine politique dans l'Etat. Elle peut être retracée précisément pour ce qui est de l'Occident, comme on le verra par la suite. L'autre origine se perd dans la nuit des temps, c'est donc celle des cultures de l'oral qui ne connaissent pas l'institution de l'Etat. Ce dédoublement de l'invention de la monnaie fait que l'on a affaire à deux types à tel point différents l'un de l'autre, qu'on a été amené à prétendre que cela relevait de l'abus de langage de parler de monnaies à propos de ces biens précieux des sociétés primitives. Quoi de commun entre un cochon que l'on sacrifie pour un être surnaturel et la pièce d'un euro qu'on utililise pour acheter une baguette?
dimanche 10 juin 2018
Faut-il être tolérant?
Introduction
La réponse à ce sujet, conforme au catéchisme républicain traditionnel, semble couler de source: bien sûr que oui! Il faudrait déjà être un horrible "facho" pour penser le contraire. Or, cela doit être un réflexe acquis si l'on veut arriver à traiter n'importe quel sujet de philosophie: il faut systématiquement se méfier des réponses qui semblent trop évidentes, et d'autant plus qu'elles paraissent aller d'avantage de soi. De fait, pour problématiser cette première réponse, on peut prendre le cas du grand philosophe hollandais du XVIIème siècle Baruch Spinoza. Toute sa vie, il a été persécuté et empêché de publier des livres en raison du caractère profondément hérétique (non conforme au dogme religieux officiel) de sa philosophie; il n'a dû probablement d'avoir la vie sauve qu'au fait qu'il vivait dans le pays européen sans doute le moins haineux de l'époque, la Hollande. S'il est un philosophe qui semble qualifié pour nous introduire à la notion de tolérance, c'est donc bien lui. Et pourtant, de tous les écrits de Spinoza qui nous sont restés, défendant ardemment la liberté de pensée et d'expression des uns et des autres, pas une seule fois on n'y trouvera l'emploi du terme de "tolérance" pour les défendre!
La réponse à ce sujet, conforme au catéchisme républicain traditionnel, semble couler de source: bien sûr que oui! Il faudrait déjà être un horrible "facho" pour penser le contraire. Or, cela doit être un réflexe acquis si l'on veut arriver à traiter n'importe quel sujet de philosophie: il faut systématiquement se méfier des réponses qui semblent trop évidentes, et d'autant plus qu'elles paraissent aller d'avantage de soi. De fait, pour problématiser cette première réponse, on peut prendre le cas du grand philosophe hollandais du XVIIème siècle Baruch Spinoza. Toute sa vie, il a été persécuté et empêché de publier des livres en raison du caractère profondément hérétique (non conforme au dogme religieux officiel) de sa philosophie; il n'a dû probablement d'avoir la vie sauve qu'au fait qu'il vivait dans le pays européen sans doute le moins haineux de l'époque, la Hollande. S'il est un philosophe qui semble qualifié pour nous introduire à la notion de tolérance, c'est donc bien lui. Et pourtant, de tous les écrits de Spinoza qui nous sont restés, défendant ardemment la liberté de pensée et d'expression des uns et des autres, pas une seule fois on n'y trouvera l'emploi du terme de "tolérance" pour les défendre!
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