mardi 30 novembre 2010

Le capitalisme

Castoriadis prétendait que la civilisation occidentale est porteuse de deux significations majeures: d’une part, le projet politique d’autonomie hérité de la civilisation grecque et de l’invention de la démocratie: cette signification porte en elle l’espérance d’une société d’hommes libres. Mais d’autre part, elle est aussi porteuse d’un projet qui noue avec le précédent des relations complexes, projet qui est celui du capitalisme: complexes, car en même temps qu'ils sont profondément contradictoires dans leurs principes respectifs, ils n'ont pourtant cessé de se contaminer l'un et l'autre. On peut, de ce fait, se risquer à définir les sociétés occidentales comme des formes de compromis instables et problématiques entre ces deux grands projets fondateurs de notre être social-historique.

mardi 16 novembre 2010

La révolte peut-elle être un droit?

Mise à jour, 13-03-2020


 « Chercher la vérité au-delà de toute vérité de classe ou de race […] prendre appui sur les fondements de la justice, quitte à se méfier de la loi, pour ne s’incliner que devant l’autorité de la bonté et de la vérité, et se retourner contre toute fausse autorité qui repose sur un succès corrompu et l’étalage de la puissance […] Se battre pour la justice, même contre la loi, et élever un autel à l’autorité des héros de la bonté et de la vérité sur les ruines de l’autorité des conventions, du cynisme, de l’ignorance et de la léthargie de l’âme. » (Karl Polanyi)

Introduction
La révolte peut-elle être un droit que nous reconnait la loi instituée? A première vue, non, cela semblerait absurde: la loi ne peut autoriser quelqu’un à la renverser par des moyens qui sont illégaux, que ne reconnait pas la loi elle-même. Le droit dans « droit à la révolte » est à entendre au sens d’un pouvoir que nous confère la loi instituée. Quand on a affaire avec la notion de droit, il faut toujours commencer par distinguer entre son sens large et étroit.
Au sens large du droit= la loi instituée, la législation en vigueur dans un Etat.
Au sens étroit du droit= le pouvoir que m’accorde cette loi.
Or, la révolte est donc une tentative pour renverser la loi instituée par des moyens que la loi elle-même n’autorise pas: se révolter, par définition, c’est se placer dans l’illégalité. Parler d’un droit à la révolte voudrait alors dire que les lois en vigueur autoriseraient qu’on les nie et les détruise par des moyens qu'elles n'autorisent pas. Il semble y avoir là une contradiction complète dans les termes: une loi qui donnerait le pouvoir qu’on la foule aux pieds cesserait d’être une loi. Cela reviendrait à dire pour le législateur: voilà ce que dit la législation sur les impôts, mais libre à vous de l'enfreindre si vous l’estimez ainsi. Il semblerait donc que la notion d'un droit à la révolte est inconsistante et doit être abandonnée. Mais, la question ne peut être résolue aussi rapidement: l’histoire est là pour nous montrer que la loi peut être manifestement injuste et bien pire encore, criminelle, voir, purement et simplement inhumaine comme les lois sur la ségrégation raciale. Il faut manifestement distinguer le légal, ce que dit la loi instituée, ce qu'on appelle aussi, dans la philosophie du droit, le droit positif, de ce que l'on peut considérer comme légitime, ce qui est conforme à des principes universels de justice, ce que la philosophie moderne du droit appellera aussi le droit naturel. Un autre exemple type, qui fait apparaître clairement la nécessité de faire cette distinction, c’est le fonctionnaire de la bureaucratie nazie qui se retrouve devant l’obligation légale d’appliquer des lois inhumaines que sa conscience réprouve, par exemple, d'envoyer des déportés vers les camps d'extermination: dans ce cas, n’est-ce pas devenu un droit pour lui de se révolter? Et, allons même plus loin: n'est-ce pas aussi un devoir? Sous quelles conditions précises, dès lors, peut-on légitimer (estimer juste), un droit à la révolte?
Le plan d’inspiration dialectique (thèse-antithèse-synthèse) était ici le plus commode à mettre en œuvre.

mercredi 3 novembre 2010

Une société juste est-elle compatible avec l'existence d'inégalités?

Introduction.
Partant de l’analyse du sujet, exposer le problème que soulève la question.
Exemple.
L'idéal démocratique de justice tel que les grecs l'ont inventé il y a plus de 2500 ans est fondamentalement un idéal d'égalité politique qu'il semble difficile de concilier avec l'existence d'inégalités dans nos sociétés: inégalités qui sont donc d'abord à penser sur le plan du partage du pouvoir politique dans ses trois dimensions, législative, judiciaire et exécutive, aujourd'hui réservé à une élite spécialement formée pour cela. Mais ces inégalités quant au partage du pouvoir politique sont elles-mêmes conditionnées tant par des inégalités économiques dans la distribution des richesses que par des inégalités sur le plan culturel; on pensera ici à l'inégalité flagrante des chances qu'engendre notre système éducatif pour accéder à un savoir permettant de se former des opinions éclairées sur les sujets politiques importants. Cependant, il a souvent été reproché à l'idéal égalitaire de société de générer ,lui aussi, une forme d'injustice: est-il juste de donner le même salaire quelque soit l'effort respectif de chacun ? Est-il juste d'accorder sur le plan politique la même valeur à la voix du sage qu'à celle de l'ignorant?
Je pose ainsi mon problème de façon à montrer que la question se pose à un triple niveau: politique, culturel et économique .
Je pouvais ainsi suivre un plan par analyse de niveaux pour traiter le sujet sous tous ses aspects.

lundi 1 novembre 2010

4) Notes à partir d'une conférence de B. Friot sur l'enjeu des retraites: imaginer une alternative au projet gouvernemental (suite et fin)

On peut visionner ici les extraits:

http://www.dailymotion.com/video/xdssnp_retraites-bernard-friot-7eme-partie_news

http://www.dailymotion.com/video/xdstui_retraites-bernard-friot-8eme-partie_news




La cotisation sociale
C’est la deuxième institution qui peut nous servir de tremplin pour transformer la société en un sens progressiste et révolutionnaire. La question qui se pose une fois qu’on veut faire du salaire la contrepartie d’une qualification et non plus d’un emploi, c’est de savoir comment cela va se financer?
La cotisation sociale nous donne la réponse: il suffit d’en étendre l’application.
Pour en comprendre le principe, il faut partir de ce qu’est aujourd'hui le salaire. Il se décompose en deux parties: le salaire direct qui m’est versé et qui correspond au salaire net: c’est 55% du salaire complet. Les autres 45 %, c’est le salaire indirect qui est compris dans le salaire brut; cette partie des salaires part dans une caisse commune et est ensuite redistribuée à chacun sous forme d’allocations diverses par cette institution qu‘on appelle la sécurité sociale (retraites, allocations chômage, familiales, maladie, congé maternité, etc.) C'est la part du salaire qui est mutualisée.
Ce qu’il importe de voir, c’est que d’un côté, le salaire direct renvoie à la logique de l’emploi: c’est la part du salaire qui rémunère l’emploi que j’occupe. Le salaire indirect renvoie, au contraire, à la logique de la qualification: ce qui m’est versé comme salaire indirect n’est plus lié à un emploi que j’occupe mais à ma qualification: c’est ce que la sécurité sociale verse aux chômeurs, retraités, femmes en congé maternité etc. aux gens qui ne sont pas en situation d‘être employés.