mercredi 27 juin 2018

Un cas d'école des problèmes que pose Wikipédia: la Charte des forêts


C'est la première fois que je me donnais la peine de rédiger un article sur Wikipédia pour réparer un gros manque, à propos de la Charte des forêts promulguée en 1225. On ne trouvait rien dessus. Et cela n'a pas été simple; mais ce cas est en même temps très instructif des rapports de pouvoir qui se jouent dans un commun de la connaissance comme Wikipédia.

dimanche 24 juin 2018

1) Etude des communs à partir des principes dégagés par Elinor Ostrom. Présentation

Notions du programme: la politique, la société et l'Etat, le droit et la justice, la liberté, la culture, l'histoire, les échanges, la raison et le réel.

Ici aussi, la compréhension de ce chapitre sera facilitée par la prise en compte des principes d'intégration économique de la réciprocité, de la redistribution et de l'échange, vus dans une partie antérieure. Ils forment un des principaux socles sur lequel est bâtie toute la structure du cours (on peut laisser de côté, il me semble sans trop de dommage, pour simplifier l'étude, la quatrième forme d'intégration économique, celle de l'administration domestique).

 Les communs au-delà du marché et de l'Etat
Ce chapitre, tellement important à mes yeux, fait suite à toute une série de conclusions auxquelles j'étais parvenu, convergeant pour faire ressortir la notion de commun. En premier lieu, je renvoie à      l'épilogue de la série Bleu-blanc-rouge, aperçus d'une philosophie et d'une contre-histoire politiques modernes, qui mettait en évidence la notion de commun comme devant donner lieu à une étude à part. J'en étais arrivé à la conclusion que le seul terme aujourd'hui capable de remplacer celui de "socialisme", qui a fait son temps à force d'avoir été usé dans tous les sens pour lui faire dire tout et son contraire, est celui de "commun": il a exactement les mêmes vertus opératoires qu'avait à l'origine le mot "socialisme".

samedi 16 juin 2018

4) Philosophie de la monnaie: du sym-bolique primitif au dia-bolique moderne

  Les deux origines de la monnaie 
La monnaie a deux origines bien distinctes. Celle dont nous avons hérité appartient aux cultures de l'écrit et a une origine politique dans l'Etat. Elle peut être retracée précisément pour ce qui est de l'Occident, comme on le verra par la suite. L'autre origine se perd dans la nuit des temps, c'est donc celle des cultures de l'oral qui ne connaissent pas l'institution de l'Etat. Ce dédoublement de l'invention de la monnaie fait que l'on a affaire à deux types à tel point différents l'un de l'autre, qu'on a été amené à prétendre que cela relevait de l'abus de langage de parler de monnaies à propos de ces biens précieux des sociétés primitives. Quoi de commun entre un cochon que l'on sacrifie pour un être surnaturel et la pièce d'un euro qu'on utililise pour acheter une baguette?

dimanche 10 juin 2018

Faut-il être tolérant?

Introduction
La réponse à ce sujet, conforme au catéchisme républicain traditionnel, semble couler de source: bien sûr que oui! Il faudrait déjà être un horrible "facho" pour penser le contraire. Or, cela doit être un réflexe acquis si l'on veut arriver à traiter n'importe quel sujet de philosophie: il faut systématiquement se méfier des réponses qui semblent trop évidentes, et d'autant plus qu'elles paraissent aller d'avantage de soi. De fait, pour problématiser cette première réponse, on peut prendre le cas du grand philosophe hollandais du XVIIème siècle Baruch Spinoza. Toute sa vie, il a été persécuté et empêché de publier des livres en raison du caractère profondément hérétique (non conforme au dogme religieux officiel) de sa philosophie; il n'a dû probablement d'avoir la vie sauve qu'au fait qu'il vivait dans le pays européen sans doute le moins haineux de l'époque, la Hollande. S'il est un philosophe qui semble qualifié pour nous introduire à la notion de tolérance, c'est donc bien lui. Et pourtant, de tous les écrits de Spinoza qui nous sont restés, défendant ardemment la liberté de pensée et d'expression des uns et des autres, pas une seule fois on n'y trouvera l'emploi du terme de "tolérance" pour les défendre!

samedi 2 juin 2018

3) Philosophie de la monnaie. Les monnaies primitives (suite): paiements religieux, prix du sang, amendes

La religio: legere et ligare
L'autre origine religieuse de la monnaie dévolue aux paiements sacrificiels ne peut donc être séparée de son origine sociale, hors économie. Avant d'en venir à la nature précise de ces paiements, il faut d'abord en passer par une compréhension, au moins élémentaire,  de ce qu'il faut entendre ici par "religion". Comme d'habitude, pour le comprendre, il faut repartir de l'étymologie. "Religion" vient du latin religio qui a, en réalité, deux sens possibles, entre lesquels même les savants n'ont pas su trancher: " Que signifie religio? On en discute depuis l'antiquité. Les anciens déjà n'étaient pas d'accord; les modernes restent divisés." (Benveniste, Vocabulaire des institutions indo-européennes) Cette double étymologie possible renvoie à legere aussi bien qu'à ligare. C'est la seconde qui a trait à la question de l'institution des paiements sacrificiels, non pas que la première serait moins à prendre en considération. Si la question de l'étymologie est indécidable, c'est d'abord parce que les deux possibles renvoient, à chaque fois, à quelque chose d'essentielle à la vie humaine qui a fait dire à l'anthropologie que le fait religieux est au fondement des sociétés humaines:"La primauté du religieux a été décelée très tôt par les fondateurs de l'anthropologie..." (Lucien Scubla, Des sciences sociales à la science sociale. Fondements anti-utilitaristes, p. 52)