mercredi 27 mars 2013

La vocation de l'artiste est-elle de divertir?

Introduction
On pouvait partir d'une évidence culturelle à relativiser et mettre en question pour formuler le problème.
Exemple: dans le contexte d'une société de loisirs de masse comme la notre l'artiste est communément perçu comme ayant une fonction sociale d'amuseur public; il oeuvre dans la sphère d'activité de ce que les américains appellent l'entertainment, les émissions de divertissement. Mais n'est-ce pas là une définition beaucoup trop restrictive et pauvre de la fonction sociale de l'artiste? En réalité, on peut se demander si on ne confond pas ainsi l'art et son ersatz. L'art véritable destinée à survivre à l'épreuve des siècles n'a-t-il pas une toute autre destination qui nous renvoie aux possibilités les plus élevées de l'être humain? Prise en ce sens, la vocation de l'artiste dans le contexte d'une époque comme la notre n'est-elle pas de combattre les bases de la société du spectacle et de ses promoteurs, les professionnels du show biz?
Démarche: je pars de la représentation la plus superficielle de l'art qui ne voit dans celui-ci qu'un instrument au service du divertissement des foules. En ce sens la fonction sociale de l'art est de constituer un dispositif central  dans l'organisation de la société du spectacle telle qu'a pu la théoriser quelqu'un comme Debord.
Mais en passant de l'ersatz d'art à l'art véritable, il s'agira de s'élever à une plus haute conception de l'art qui en fait une forme fondamentale de la culture, soit, de l'existence d'un monde humainement vivable; dans cette mesure, l'artiste sera immanquablement conduit à saper les bases d'une société comme la notre qui tend, de plus en plus, à faire de la régression de la culture la condition sine qua non de sa croissance économique...

lundi 11 mars 2013

Autrui n'est-il qu'une limite à ma liberté?

Mise à jour,  18-04-2018

Introduction.
Ma liberté de faire de la batterie à trois heures du matin s'arrête là où commence la liberté de mon voisin de dormir la nuit. La limite de ma liberté m'interdit d'empiéter sur celle d'autrui. Cette évidence mérite-t-elle qu'on s'y attarde plus? Oui car, sous ses apparences de savoir-vivre, elle semble impliquer une relation purement négative à autrui qui n'est jamais perçu que comme ce qui restreint le champ de ma propre liberté. Une liberté substantielle peut-elle s'édifier sur une base sociale aussi  négative et vide? Cette formule n'implique-t-elle pas toute une anthropologie philosophique (une conception de l'être humain) qui demeure problématique en ce sens qu'elle implique de concevoir des individus foncièrement égoïstes condamnés à rester des étrangers les uns pour les autres? Comme parvenir à faire société dans de telles conditions?
- J'établirai d'abord que, même si on peut donner un champ de validité limité à cette formule qui veut voir dans autrui une simple limite à ma liberté, il n'en restera pas moins que la conception de la liberté impliquée en elle est très loin d'être universelle (qu'elle constitue même plutôt une exception si l'on se donne la peine d'une enquête un peu sérieuse sur ce que nous apprennent l'anthropologie et l'histoire) mais qu'elle est caractéristique de l'homo oeconomicus qui constitue le type anthropologique (type humain) des sociétés marchandes développées comme la nôtre où les gens tendent à vivre repliés sur leur sphère privée d'existence et ont toutes les peines du monde à entretenir entre eux des rapports de socialisation positifs.
-Le problème sera alors de parvenir à reconceptualiser (redéfinir) la notion de liberté en lui déterminant une forme  qui s'associe avec un processus de socialisation positif fondé sur des liens de réciprocité, de solidarité et d'entraide. On verra finalement  dans quelle mesure cela a pu être le projet d'un socialisme de la liberté issu du mouvement ouvrier à l'époque moderne.