Immanuel Wallerstein, Le destin du monde à l'époque du capitalisme moderne

 "On ne compte plus les études spécialisées sur la conduite en état d'ivresse en Alabama, le harcèlement sur Internet ou la stigmatisation des transsexuels brésiliens à Paris. En revanche, sur la crise économique globale, la sociologie n'a rien de bien particulier à dire." (Caillé et Vendenberghe, De la sociologie à la science sociale) 

Comme souvent dans ces cas là, il se trouve l'une ou l'autre exception confirmant la règle; c'est à ce titre qu'on introduira ici le remarquable travail de synthèse socio-politico-économico-historique de feu Immanuel Wallerstein. Pour faire le tour du sujet, tout de même fort copieux, il sera tout naturel de reprendre le schème du triptyque suivant l'ordre des séquences temporelles.

Cycle de conférences faites à Paris (2014-2015)

Hier: les échecs historiques pour créer une gauche mondiale

Notons au sujet de cette première partie, qui donne le recul historique nécessaire et suffisant, qu'IW s'appuie, comme nous l'avions fait dans ce blog, sur une grille de lecture tripartite du champ politique au XIXème siècle, qui est effectivement la bonne pour comprendre ce qui se joue, même si son usage du concept de "gauche" diffère de celui que nous lui avions donné et qu'il délaisse le vocabulaire chromatique du rouge, du blanc et du bleu, sur lequel nous avions insisté pour symboliser cette tripolarisation, au profit de la métaphore spatiale qui est celle devenue de l'usage le plus courant au XXème siècle, et qui a certainement le mérite d'être plus clairement audible lorsqu'on s'adresse à l'internationale. On notera cependant avec le plus grand intérêt que les politologues actuels semblent redécouvrir aujourd'hui une configuration de ce type à la suite des dernières élections présidentielles françaises: un pôle libéral (bleu ou centriste dans la perspective d'IW), un pôle conservateur (blanc ou de droite), et un pôle radical (rouge ou de gauche dans la terminologie d'IW). Il est encore important de garder à l'esprit cette structure ternaire résurgente pour aborder correctement outillé la dernière partie sur les perspectives d'avenir qui s'offrent à nous à partir du diagnostic fait dans la partie qui suit, sûrement à discuter, d'un capitalisme en phase de cancer terminale. En attendant, on peut du moins espérer que la réémergence de cette tripolarisation aura le mérite de clarifier quelque peu les choses dans une époque marquée jusque là par une confusion et une désorientation croissantes jusqu'à en devenir alarmantes...

Aujourd'hui: le système capitaliste en crise terminale

 

Demain: la lutte mondiale pour déterminer le(s) système(s) à venir