lundi 13 septembre 2010

Méthode de la dissertation 1) Les principes: problématiser, conceptualiser, argumenter

1)Les principes de la dissertation:; problématiser, conceptualiser, argumenter.
a) Le sens de l’exercice de dissertation
En dehors de la question d’une épreuve de notation individuelle qui reste très discutable (cf.
le sketch de Lepage sur le système de la notation individuelle), on peut légitimement présenter l’exercice de dissertation comme un apprentissage du débat démocratique et, en ce sens, comme un élément important de l’apprentissage d’une culture politique.

L’essence du débat démocratique consiste à reconnaître que, sur une question donnée, il existe toujours deux points de vue qui ont chacun de bonnes raisons de se faire valoir; la pièce de théâtre Antigone de Sophocle en est l’illustration symbolique: Antigone a autant de raisons valables de vouloir enterrer son frère que Créon, le roi de la cité, de vouloir lui interdire. Si l’histoire verse dans la tragédie c’est parce qu'aucun n’est capable d’entendre et de reconnaître les raisons de l’autre pour parvenir à un compromis. La dissertation doit être capable de faire ce que les héros de la tragédie de Sophocle ne parviennent pas à faire; c’est-à-dire faire droit à un point de vue qui n’est pas nécessairement le sien; autrement dit, une authentique pensée philosophique est une pensée qui doit être capable de s’adresser à elle-même des objections et de prévenir celles qu’on pourrait lui faire; elle implique donc ce que Arendt appelait « la pensée élargie », c’est-à-dire, être capable de penser à la place d’un autre; c’est-ce que Platon signifiait aussi lorsqu’il définissait la pensée comme un « dialogue de l’âme avec elle-même ». Il y a, de ce point de vue, une affinité profonde entre le débat philosophique des idées et le débat politique des opinions. La pensée élargie, la capacité à penser à la place d’autrui, est la condition indispensable de l’institution d’un débat politique aussi bien que philosophique. Une opinion politique ou philosophique n’est ni de l’ordre de la science (je ne peux démontrer la validité de mon opinion à la manière dont je démontre un théorème de mathématique) ni de l’ordre du simple sentiment qui aboutit à tout relativiser. Une des premières exigences qui est faite à l’élève est de dépasser ce qu’on peut appeler le degré zéro du dialogue aussi bien philosophique que politique et qui consiste à dire: chacun pense ce qu’il veut, toutes les opinions se valent. D’abord il est profondément naïf de croire que chacun puisse penser ce qu’il veut. Chacun pense ce qu’il peut en fonction de son éducation, de son héritage social-historique comme disait Castoriadis. Par exemple, un individu qui vit dans la société hébraïque du Ier siècle avant J-C est totalement incapable de penser «  la loi que la collectivité m’impose est-elle juste? » dans la mesure où cette loi est censée venir de Dieu lui-même. D’autre part, un individu qui par défaut d’instruction n’a qu’une centaine de mots à sa disposition sera totalement incapable de penser certaines choses que pourra penser celui qui dispose de toute l’étendue de sa langue maternelle.
Il est ainsi désastreux de finir un travail de dissertation par une réponse du type: chacun est libre de penser ce qu’il veut: cette pseudo tolérance recouvre en fait une incapacité à communiquer, à dialoguer pour accueillir un point de vue autre que le sien qui peut conduire à rectifier et enrichir le sien.

b) Problématiser.
Un sujet à traiter n’a d’intérêt que pour autant qu’il soulève un problème; le premier travail d’analyse d’un sujet doit donc commencer par chercher un problème derrière l’intitulé de la question.
-Commencer par analyser les termes clefs du sujet. Si la question pose problème c’est parce que les termes du sujet peuvent être équivoques= admettre une pluralité de significations; ainsi, en donnant à tel terme une certaine signification, on ne sera pas conduit à répondre de la même façon que si on lui donne une signification différente.

Ex: soit le sujet: Obéir est-ce renoncer à ma liberté?

Les concepts d’obéissance aussi bien que de liberté sont équivoques. Partez d’exemples concrets pour montrer que la notion d’obéissance recouvre des choses très différentes: l’obéissance que le l’élève doit au maître, celle que doit l’esclave à son maître, celle de l’ouvrier au cadre, celle que je dois aux lois morales, juridiques, l‘obéissance du sportif à des règles d ‘hygiène, d‘entraînement, etc. On voit bien que certaines formes d’obéissance sont radicalement incompatibles avec la liberté, par exemple celle de l’esclave à l’égard du maître; mais l’obéissance qu’un élève doit à son maître n’est peut-être pas, sous certaines conditions, contraire à la liberté de l’élève; de même pour l’obéissance à l’égard des lois morales ou juridiques. Le caractère équivoque de la notion d’obéissance rend donc la question problématique. Je fais de même pour la notion de liberté. Au sens le plus superficiel du terme, la liberté s’entend comme la possibilité que j’ai de faire ce qui me plaît; pris ainsi, on voit bien que liberté et obéissance s’excluent mutuellement;. Mais une réflexion sérieuse sur la liberté ne peut en rester à cette définition qui conduit rapidement à des contradictions: l‘alcoolique qui assouvit tous les jours son désir d‘alcool est-il libre? En un sens plus profond, liberté peut s‘entendre comme autonomie ce qui signifie littéralement, se donner à soi-même la règle qui va dicter notre comportement: entendu ainsi, liberté et obéissance ne s‘excluent plus nécessairement et on peut envisager comme Rousseau le fait que la liberté c’est « l’obéissance à une loi qu’on s’est prescrite  à soi-même».

Voici différentes façons de poser un problème que soulève l’analyse du sujet dans l’introduction
- Mise en cause de l'opinion commune
On part d'un mythe très répandu, qui imprègne la pensée commune, puis on émet une critique qui porte la contradiction, enfin on vient au sujet.
Par exemple, sur un sujet portant sur le désir, on remarquera que l'on pense d'ordinaire que c'est la satisfaction de multiples désirs qui apportent le bonheur, si bien qu’à la limite, le bonheur et la consommation, sont une seule et même chose. Mais est-ce bien vrai ? N'est-ce pas plutôt quand on modère ses désirs que l'on se donne une vie heureuse parce qu'équilibrée ?

- Relativisation culturelle d'une évidence
On prend une idée couramment admise dans notre société,  puis on montre que dans d'autres sociétés, il en va tout autrement ; aussi l'évidence prétendue de l'idée n'a-t-elle pas de fondement solide. Par exemple :
L'occident  vit la mort sur le mode d’un refus désespéré et la compréhension de la mort comme une tragédie, une agression contre la vie qui a pour corollaire les fantasmes d'immortalité qui nous plongent dans la démesure et le refus insensé de notre condition de mortel. Mais, chez des peuples africains, par exemple, la mort n'est pas ressentie de manière aussi tragique, elle est fêtée dignement.

- Relativisation historique d'une évidence
Approche semblable à la précédente, mais au lieu de considérer la dimension de l'espace, on considère les coordonnées du temps. Ainsi, on part d'une conception que nous croyons admise dans notre société comme une sorte d’évidence valable pour tous les temps. Nous croyons que beaucoup de nos opinions vont de soi. Pourtant, dans un autre contexte historique, il en était tout à fait autrement. D'où la mise en cause de notre prétendue évidence. J'attire particulièrement l'attention sur le fait d'être extrêmement prudent lorsqu'il s'agit de commencer une introduction, comme on le trouve trop souvent dans les copies, par une formule du genre: "de tout temps, les hommes ont cru cela/ont fait cela/ont été comme ça."
Soit il s'agit d'une banalité sans grand intérêt ( de tout temps les hommes ont éprouvé le besoin de faire pipi) ou le plus souvent, il s'agit d'une affirmation manifestement fausse.
 Exemple:aujourd'hui, nous n'accordons de valeur qu'aux activités marchandes productrices de biens et services et croyons au primat de l'économie sur toute autre considération. Pourtant, pendant très longtemps, elles ont fait l'objet d'un profond mépris qui fait que le commerce était réservé aux couches les plus méprisées de la société.
- Formulation d'un paradoxe
Cette méthode consiste à partir d'une idée admise, puis à montrer quels en sont les conséquences prévisibles vers les faits. Ensuite, on mentionne un autre fait qui contredit complètement les conséquences normalement attendues, faisant naître le paradoxe. 
Exemple: nous pensons que plus une société est riche, économiquement parlant, meilleures sont les conditions de vie: le progrès technique nous a ainsi apporté toute une somme de facilités qui nous rendrait la vie plus commode que ce qu'elle était pour nos ancêtres.Pourtant, on constate que le taux de suicide dans les pays industrialisés est plus important qu'ailleurs!
-Formulation d'une aporie
Aporie= terme d'origine grecque= a (privatif)+ poros(le passage)= absence de passage. Une aporie est une impasse à laquelle nous conduit le traitement de la question. La façon la plus simple d'exposer une aporie consiste à montrer que chacune des réponses concevables pour répondre au sujet conduit à des conséquences indésirables
Exemple: le sujet, "peut-on dire qu'une société est supérieure à une autre"?
Si oui→conséquence indésirable= l'ethnocentrisme= je survalorise indûment ma propre société.
Si non→ conséquence indésirable=le relativisme= toutes les sociétés se valent ce qui veut dire qu'une société où le meurtre est légalisé en vaut bien une autre.

Bonne copie= copie qui cerne un problème dès l’introduction pour ne plus le lâcher et en approfondit le traitement jusqu’au terme de la conclusion.

c)Conceptualiser
Pour arriver à formuler un problème, nous avons commencé à entamer un travail de conceptualisation. C’est la deuxième exigence qu’impose la dissertation de philosophie.
Bonne copie=copie qui a un niveau de conceptualisation suffisant pour parvenir à construire des concepts.
Qu’est-ce que conceptualiser?
- A un premier niveau, c’est commencer par démêler les différentes significations qui peuvent s’attacher à un terme; ex, je distingue la liberté au sens de faire ce qui plaît et au sens de l’autonomie. J’ai ainsi les noyaux de deux concepts bien distincts de la liberté dont il s‘agira d‘approfondir les sens respectifs tout au long du devoir. La démarche philosophique est à l’opposé de la façon dont le mathématicien procède; celui se donne d’abord un ensemble de définitions qu’il pose une fois pour toute; en philosophie, on ne procède pas du tout de cette façon: le travail de définition des termes doit être enrichi, rectifié, tout au long de la dissertation. Un des défauts récurrents des copies, c’est ainsi de définir les termes dans l’introduction puis de ne plus y toucher par la suite!
-A un deuxième niveau, il s’agit de hiérarchiser ces différentes significations que mon travail d’analyse du sens des termes fait apparaitre. Ainsi, à un examen approfondi, le concept d’autonomie me semble plus consistant que le concept de liberté comme simple capacité de faire ce qui me plaît qui conduit rapidement à des contradictions. Pour autant, je ne peux totalement l'éliminer: une vie passée à ne faire que des choses que j’éprouve comme pénible ne peut, sans absurdité, être qualifiée de libre.
-A un troisième niveau, il s’agit de construire un réseau de concepts.
Par exemple: liberté---autonomie opposé hétéronomie
Nomos/ lois culturelles (opposé: lois naturelles) : lois juridiques ( autonomie collective)---démocratie
lois morales (autonomie individuelle)
Liberté=faire ce qui me plaît-----désir/plaisir opposé aversion/déplaisir

d)L’argumentation
Rien ne va de soi, toute affirmation mérite d’être discutée et réfléchie. La naissance de la philosophie dans l’antiquité grecque survient à partir du moment où les institutions, normes, valeurs, opinions héritées de la société commencent à être mises en question et objet d’un débat. Cf. l’introduction générale le lien intime qui relie l’invention de la philosophie à celle de la démocratie. La nécessité d’une argumentation pour justifier ce qu’on affirme est donc essentielle.
Dans le vocabulaire de Descartes, on pourra dire qu’une bonne argumentation est celle qui parvient à former une idée claire et distincte de ce qu’on veut affirmer. D’où les deux ingrédients essentiels qui doivent rentrer dans une argumentation.
La clarté s’oppose à l’obscurité; on clarifie son propos par l’emploi et l’analyse d’exemples, d’analogies, de métaphores mais aussi d'expériences (scientifiques ou non), de légendes, d’histoires, de mythes comme c’est souvent le cas chez Platon, par exemple.
La distinction s’oppose à la confusion. Le recours aux exemples est une condition nécessaire mais non suffisante d’une bonne argumentation; il faut aussi qu’il s’accompagne d’une effort de distinction qui passe obligatoirement par un travail de conceptualisation; On est dans la confusion quand on confond le sens d’un terme avec celui d’ un autre terme (exemple: l’obligation et la contrainte: l’obligation s’exerce à l’égard d’une règle que les hommes eux-mêmes ont institués et qui , de ce fait peut toujours être réévaluée, par ex., l’obligation de payer ses impôts: l‘obligation a ainsi besoin d‘être légitime pour s’imposer à moi; la contrainte met en jeu le simples lois de la nature: la mort, la maladie sont des contraintes que la nature exerce sur nous; mais aussi le fait que quelqu‘un pointe son pistolet sur ma tempe pour me réclamer sa bourse ce qui peut être très différent de l‘obligation que la collectivité me fait de payer mes impôts!) On reste dans la confusion quand on fait un usage des mots importants du sujet sans d’avantage préciser et approfondir le sens qu’on leur donne. Quand je veux soutenir, par exemple, que l’obéissance exclue la liberté, quel sens je donne à la liberté? Et quel sens je donne à l’obéissance? Ces définitions que je donne ne soulèvent-elles-pas des objections?

e) la question du plan.
Sur la question du plan, il y a deux écoles.
L’une récuse l ’idée de faire un plan et fait confiance à la spontanéité. Elle reproche au plan de donner un cadre trop rigide qui enferme la réflexion dans un itinéraire tracé d’avance. On pense que les idées viennent à mesure qu’on écrit, idées auxquelles on n’aurait pas pensé avant de commencer la rédaction. Cette approche est, à mon avis, tout à fait légitime même si elle comporte des risques de s’égarer, sortir du sujet ou de donner lieu à un propos décousu. Elle ne conviendra pas à tous non plus et surtout pas à ceux qui éprouvent le besoin d’avoir des repères prédéfinis qui encadrent leur pensée;
L’autre école préconise donc d’abord la construction d’un plan détaillé au brouillon avant de rédiger; il y a différents modèles de plan plus ou moins adaptés en fonction du sujet à traiter.

Le plan dialectique: c’est le plus commun et celui qui correspond le mieux à la grande majorité des sujets; pour toutes les questions qui appellent une réponse par oui/non, il est adapté. C’est le plan en trois parties thèse-antithèse-synthèse. Ce plan est inspiré du grand philosophe allemand de la fin du XVIIIème-début du XIXème siècle Hegel qui pensait que toute évolution obéit à une logique dialectique.

1)La thèse: on affirme quelque chose: par ex. obéir c’est renoncer à sa liberté.

On argumente pour légitimer cette thèse mais les objections qu’on découvre nous conduisent à rendre problématique la thèse.

2)L’antithèse: on pose le contraire: par ex. il n’y a pas de liberté possible sans obéissance.
On argumente pour légitimer l’antithèse ce qui nous conduit face à une contradiction à traiter entre ce qu’affirme la thèse et l’antithèse.

3)La synthèse: dans la logique hégélienne, la synthèse est la négation de la négation. Comme en mathématiques moins par moins donne plus ce qui signifie ici que la synthèse consiste à reposer la thèse de départ. Bien sûr, il ne s’agit pas de répéter purement et simplement ce qui a été dit dans la 1ère partie sans quoi on tourne en rond. La synthèse repose la thèse initiale mais qui est enrichie/nuancée/ approfondie grâce au passage par l’antithèse. Par ex. ce n’est qu’une certaine forme d’obéissance qui exclue la liberté.



Le plan par analyse de niveaux: on peut utiliser ce plan en particulier pour les sujets qui n’appellent pas une réponse par oui/non.
Ex. un sujet comme « Pourquoi avons-nous besoin de maîtres? ».
Je construis mon plan en montrant que la question se repose de façon différente suivant les différents niveaux d’analyse que je distingue.
1)Sur le plan éducatif, la transmission de la culture suppose la présence de maîtres.
2)Mais sur un plan économique, la nécessité de maîtres s’impose-t-elle de la même façon? Est-il nécessaire, par ex., que l’organisation sociale du travail repose sur des rapports hiérarchiques? Instituer la démocratie dans le monde du travail est-il envisageable?
3)Sur un plan politique, l’idéal démocratique ne suppose-t-il pas le refus de hiérarchiser les individus en gouvernants/gouvernés? Mais une telle organisation égalitaire du pouvoir politique est-elle viable?

Noter qu’il est tout aussi possible de traiter des sujets appelant une réponse par oui/non sur le modèle de ce plan. Ex. le sujet « Peut-on dire d’une société qu’elle est supérieure à une autre? » (cf. plus bas).
Sujet: être libre est-ce pouvoir dire « non »?
Sujet qui invite à s’interroger sur la validité d’une définition de la liberté=pouvoir de dire non.
Comprendre le sens de cette définition: dire non c’est dire non à quoi? A l’autorité des parents? De la loi? A l’ordre social existant? A soi-même (ex. je dis non à une pulsion qui est en moi et que je reconnais comme illégitime, par ex., étrangler quelqu’un qui m’insupporte)?
Comprendre ce qui peut la légitimer: s’affirmer soi-même c’est s’opposer à quelque chose, quelqu’un; l’adolescent affirme son indépendance/autonomie en rejetant l’autorité parentale…
Comprendre les limites de cette définition: définition purement négative de la liberté.
La liberté ne doit elle pas aussi avoir une dimension créatrice, affirmative?
Piste pour légitimer l’antithèse
L’éthique stoïcienne: la contestation de ce qui est demeure vaine et traduit une incapacité à discerner où se trouve la véritable liberté. Principe de cette éthique: apprendre à discerner ce qui dépend de moi (domaine de ma liberté) et ce qui n’en dépend pas (limites de ma liberté). Il est vain de s’opposer à quelque chose qui échappe à notre maîtrise. Changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde: sur mes désirs j’ai un pouvoir; l’ordre du monde échappe à mon pouvoir. Il faut désirer que les choses arrivent comme elles arrivent et non pas telles qu’on désirerait qu’elles arrivent.
Piste pour une synthèse.
a)La négation condition nécessaire mais non suffisante de la liberté; l’opposition à … n’est qu’un moment dans la conquête de la liberté; elle suppose, en outre, l’affirmation positive de quelque chose qui prend la place de ce qui est nié.
Cf. le reproche fait à la critique de l’ordre social existant de ne rien proposer de concret à la place=liberté qui tourne à vide: ex. le parti politique actuel qui se dénomme  anticapitaliste. Autre exemple: la distinction antimondialisme/altermondialisme. L'idéologie dominante pour discréditer toute critique de la mondialisation néo-libérale a diffusé dans les médias de masse  le terme d'antimondialisation pour qualifier la critique. Parler d'antimondialisation c'est laisser entendre que la critique est purement négative et qu'elle n'a rien à proposer d'autre qu'une attitude réactionnaire. Le mouvement de critique parviendra plus tard à s'auto désigner comme altermondialiste et à diffuser ce terme dans les médias: altermondialisation ne signifie plus une attitude purement négatrice mais un projet porteur d'une alternative positive à la mondialisation capitaliste.
b) jouer sur la distinction dire/agir; la négation tant qu’elle reste purement verbale et n’a aucun effet concret dans la réalité existante est vide. La liberté ce n’est pas seulement un pouvoir de dire mais plus fondamentalement un pouvoir d’agir. Ex: j’ai beau m’opposer verbalement à une loi que j’estime injuste ça n’empêchera pas la police de m’arrêter dès lors que je l’enfreins.



Sujet: Peut-on dire d’une société qu’elle est supérieure à une autre?
On peut procéder  de plusieurs façons pour cerner le problème que soulève cette question.

-On peut commencer par montrer que chacune des deux réponses possibles ne vont pas sans soulever des objections; on le voit en introduisant les notions de relativisme et d’ethnocentrisme.
Si je dis que toutes les sociétés se valent, je fais preuve de tolérance et d’ouverture d’esprit ; par contre, au nom de quoi dès lors, je peux encore condamner des pratiques culturelles comme le cannibalisme, l’esclavagisme ou l’excision des jeunes filles? Je risque donc de tomber dans le relativisme en soutenant ce point de vue= tout se vaut=tout est relatif= plus rien n’a vraiment de valeur: une société où le meurtre est légalisé (l’Allemagne nazie par ex.) en vaut une autre!
Par contre, si nous disons que, par exemple, une société qui décrète l’égalité entre l’homme et la femme vaut mieux qu’une société qui pratique l’excision, on pourra toujours nous reprocher de survaloriser de façon injustifiée les valeurs de notre propre culture, en l’occurrence celle du monde occidental; on pourra alors me reprocher mon ethnocentrisme=attitude fallacieuse qui consiste à poser comme étant supérieure les valeurs de sa propre culture et de rejeter comme étant barbare tout ce qui s’en éloigne.
-On peut aussi commencer par relativiser une évidence aussi bien culturellement qu'historiquement: nous avons aujourd'hui l'habitude de hiérarchiser les sociétés en fonction de leur degré de développement économique; le PIB mesurerait ainsi le degré de développement d'une société. Mais le critère de la richesse économique n'a rien d'universel; la société spartiate de l'antiquité méprisait les richesses; la société tibétaine traditionnelle de même, etc.
On peut aussi bien partir de l’analyse conceptuelle pour poser le problème: ici la notion clef est celle de société dont il est facile de montrer le caractère polysémique; une société est un ensemble complexe de facteurs: religieux, moral, politique, artistique, technique, économique, militaire etc. Suivant le ou les facteurs qu’on retient, la hiérarchie qui s’en dégagera sera très différente;
Exemple: du point de vue du développement économique, les sociétés occidentales semblent les plus avancées. Mais, si on se place du point de vue du respect de la nature, notre société apparaitra comme une des moins avancées! Ou encore si on se place du point de vue des valeurs de sociabilité, de solidarité, d’entre aide, d'hospitalité bien des sociétés dites "primitives" pourraient nous en remontrer.
Autre chose à voir: le richesse économique ne fait pas tout; elle laisse intacte la question de son juste partage ce qui ouvre à la dimension politique du sujet.

Le plan pour traiter le sujet peut se faire de différentes façons; on peut lui appliquer le plan dialectique mais aussi le plan par analyse de niveaux.(on voit par exemple, que le plan d'analyse économique de la question appelle un plan d'analyse politique).
Piste pour éviter le double écueil du relativisme et de l'ethnocentrisme: une société qui veut faire valoir universellement ses valeurs (la démocratie, le respect de la dignité humaine, l'égalité hommes/femmes ...) doit d'abord être capable de se les appliquer à elle-même sans quoi son comportement à l'égard des autres sociétés ne sera rien de plus qu'une nouvelle forme de colonialisme.
Lien où puiser des idées/analyses pour traiter le sujet:
Entretien entre Castoriadis et des membres de la Revue du mauss autour du thème des valeurs occidentales et du relativisme culturel
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article110

Article de Castoriadis sur la question du racisme qui se termine sur une affirmation qui mériterait d'être discutée.
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article273




liens en complément pour la méthode de la dissertation.
http://sergecar.perso.neuf.fr/scolaire/methdode_dissert_niv1.html

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