On peut visionner ici les extraits:
http://www.dailymotion.com/video/xdssnp_retraites-bernard-friot-7eme-partie_news
http://www.dailymotion.com/video/xdstui_retraites-bernard-friot-8eme-partie_news
La cotisation sociale
C’est la deuxième institution qui peut nous servir de tremplin pour transformer la société en un sens progressiste et révolutionnaire. La question qui se pose une fois qu’on veut faire du salaire la contrepartie d’une qualification et non plus d’un emploi, c’est de savoir comment cela va se financer?
La cotisation sociale nous donne la réponse: il suffit d’en étendre l’application.
Pour en comprendre le principe, il faut partir de ce qu’est aujourd'hui le salaire. Il se décompose en deux parties: le salaire direct qui m’est versé et qui correspond au salaire net: c’est 55% du salaire complet. Les autres 45 %, c’est le salaire indirect qui est compris dans le salaire brut; cette partie des salaires part dans une caisse commune et est ensuite redistribuée à chacun sous forme d’allocations diverses par cette institution qu‘on appelle la sécurité sociale (retraites, allocations chômage, familiales, maladie, congé maternité, etc.) C'est la part du salaire qui est mutualisée.
Ce qu’il importe de voir, c’est que d’un côté, le salaire direct renvoie à la logique de l’emploi: c’est la part du salaire qui rémunère l’emploi que j’occupe. Le salaire indirect renvoie, au contraire, à la logique de la qualification: ce qui m’est versé comme salaire indirect n’est plus lié à un emploi que j’occupe mais à ma qualification: c’est ce que la sécurité sociale verse aux chômeurs, retraités, femmes en congé maternité etc. aux gens qui ne sont pas en situation d‘être employés.
Le choix de société essentiel à faire est de savoir si c’est la logique de l’emploi qu’il faut promouvoir ou au contraire la logique de la qualification. Aller vers une logique de la qualification, c’est viser la mutualisation intégrale du salaire: on place dans une caisse commune non plus 45% mais 100% du salaire. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre l’alternative entre retraite par répartition/ retraite par capitalisation et le fait que les couches dirigeantes veulent développer le principe d‘une retraite par capitalisation.
Le principe de la retraite par capitalisation repose sur le développement de la logique de l’emploi et la marginalisation de la logique de la qualification. La retraite par capitalisation consiste à mettre tous les mois de côté sur un compte rémunéré une partie du salaire nette(= la part du salaire qui est la contrepartie de l’emploi que j’exerce ) pour ma future retraite. La retraite par répartition, au contraire, repose sur la logique de la qualification via la cotisation sociale: une part des salaires est mise dans une caisse commune et redistribuée tous les mois aux retraités.
Le projet gouvernemental se situe évidemment dans une logique de l’emploi et induit le développement d’ un système par capitalisation; pour ne pas avoir à cotiser aussi longtemps pour avoir une retraite à taux plein, beaucoup de personnes vont choisir d’investir dans une retraite complémentaire en y consacrant tous les mois une part de leur salaire= le salaire net= le salaire qui est la contrepartie d‘un emploi. Dans cette logique, c'est le règne du "chacun pour soi" qui prévaut, conformément au credo libéral; dans le système par répartition, c'est un principe de fraternité qui s'impose.
Reste que la proposition de Friot d'aller vers un salaire intégralement mutualisé mérite quand même d'être soumis à la discussion car elle ne semble pas faire droit à ce que j'ai développé ailleurs comme étant la nécessité de faire valoir une pluralité de principes d'intégration économique, ce qui implique ici de conserver une part de salaire direct; on ne peut raisonnablement attendre des individus un comportement exclusivement prosocial; il faut aussi laisser une place à une certaine dose d'égoïsme pour disposer d'institutions qui intègrent toute la complexité de l'âme humaine.
Lexique d’auto défense intellectuelle.
Travail/emploi/pouvoir d’achat
Je rappelle que le programme de Sarkozy tenait en trois mots clefs: travail/ emploi/ pouvoir d’achat. Il est désolant de voir dans les manifestations contre le gouvernement des gens réclamer des emplois et du pouvoir d’achat soit exactement les piliers de la politique des élites qu‘ils pensent combattre!
Emploi et pouvoir d’achat constituent le pile et face d’une même pièce de monnaie. Le salaire, dans la logique de l’emploi, est défini comme un revenu=le temps que la force de travail met pour produire l’équivalent de tout ce qui est nécessaire à la satisfaction de ses besoins pour pouvoir se reproduire et ainsi revenir bosser tous les jours. Ce que le revenu doit garantir, c’est du pouvoir d’achat= avoir de quoi acheter tout ce qui est nécessaire à l’entretien de sa force de travail pour qu’elle se reproduise jour après jour et être ainsi employable. Dans la logique capitaliste la valeur de toute chose y compris celle de la force de travail se mesure par le temps nécessaire à sa production (raison pour laquelle un meuble artisanal contient plus de valeur marchande qu‘un meuble en kit chez Ikea; le temps nécessaire à sa production est plus important). En ce sens, la valeur marchande du travail, c’est le temps que met le travailleur à produire l’équivalent de tout ce qui lui est nécessaire pour reproduire jour après jour sa force de travail=l’ensemble des besoins qu’il lui faut combler par le pouvoir d’achat que lui octroie son salaire. D’où le fait qu’emploi et pouvoir d’achat sont le recto et le verso d’une même feuille. Au contraire, s’opposer aux pouvoirs dirigeants c’est revendiquer ni des emplois, ni du pouvoir d’achat, mais un salaire intégralement mutualisé qui est la reconnaissance d’une qualification et non de besoins qu’il nous faudrait combler et qui sont pour beaucoup des besoins purement factices créés par la logique marchande via la publicité, le crédit et l'obsolescence programmée.
Cotisation sociale/ charge sociale.
Il y a ici aussi à mener une opération de nettoyage du langage: ce qui s’appelle, dans tous les textes officiels de la législation et le code du travail, "cotisation sociale"= la part du salaire qui est indirecte, devient, dans les discours patronaux « les charges sociales ».
Cf. la distinction que fait Baillargeon entre dénoter/connoter pour comprendre l’importance des mots qu‘on emploie pour parler de la réalité. Un mot peut servir à dénoter un objet=le désigner. Mais il sert aussi à connoter cet objet= lui donner une certaine coloration, positive, négative ou neutre qui met en jeu toute une vision du monde; le langage devient ici un enjeu fondamental de pouvoir.
http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/normand/cours1.htm
,Par exemple, appeler "charges sociales" ce qui porte le nom de "cotisation sociale" est une opération de propagande lourde de sens; elle vise à connoter négativement une institution pour faire passer des politiques qui viseront à la supprimer ou du moins à en minorer le poids. Une charge c’est un poids qu’il faut essayer d’alléger le plus possible: parler de "charges sociales", c’est connoter négativement la réalité qu‘on désigne. Parler de "cotisation sociale", c’est au contraire connoter positivement l’institution dont on parle; c’est vouloir dire qu’elle n’est pas une charge, un fardeau lourd à porter mais une façon de mutualiser le salaire suivant un principe de solidarité et de fraternité!
On comprend bien pourquoi, les couches dirigeantes du capitalisme ont tout intérêt à connoter négativement cette institution pour en alléger le poids. La cotisation sociale est une institution en rupture avec la logique de l’emploi. Elle est un tremplin qui peut nous servir à dépasser la logique du capitalisme, c’est-à-dire, aller vers une mutualisation encore plus importante du salaire, tout ce dont ces couches dirigeantes ne veulent à aucun prix.
http://www.dailymotion.com/video/xdssnp_retraites-bernard-friot-7eme-partie_news
http://www.dailymotion.com/video/xdstui_retraites-bernard-friot-8eme-partie_news
La cotisation sociale
C’est la deuxième institution qui peut nous servir de tremplin pour transformer la société en un sens progressiste et révolutionnaire. La question qui se pose une fois qu’on veut faire du salaire la contrepartie d’une qualification et non plus d’un emploi, c’est de savoir comment cela va se financer?
La cotisation sociale nous donne la réponse: il suffit d’en étendre l’application.
Pour en comprendre le principe, il faut partir de ce qu’est aujourd'hui le salaire. Il se décompose en deux parties: le salaire direct qui m’est versé et qui correspond au salaire net: c’est 55% du salaire complet. Les autres 45 %, c’est le salaire indirect qui est compris dans le salaire brut; cette partie des salaires part dans une caisse commune et est ensuite redistribuée à chacun sous forme d’allocations diverses par cette institution qu‘on appelle la sécurité sociale (retraites, allocations chômage, familiales, maladie, congé maternité, etc.) C'est la part du salaire qui est mutualisée.
Ce qu’il importe de voir, c’est que d’un côté, le salaire direct renvoie à la logique de l’emploi: c’est la part du salaire qui rémunère l’emploi que j’occupe. Le salaire indirect renvoie, au contraire, à la logique de la qualification: ce qui m’est versé comme salaire indirect n’est plus lié à un emploi que j’occupe mais à ma qualification: c’est ce que la sécurité sociale verse aux chômeurs, retraités, femmes en congé maternité etc. aux gens qui ne sont pas en situation d‘être employés.
Le choix de société essentiel à faire est de savoir si c’est la logique de l’emploi qu’il faut promouvoir ou au contraire la logique de la qualification. Aller vers une logique de la qualification, c’est viser la mutualisation intégrale du salaire: on place dans une caisse commune non plus 45% mais 100% du salaire. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre l’alternative entre retraite par répartition/ retraite par capitalisation et le fait que les couches dirigeantes veulent développer le principe d‘une retraite par capitalisation.
Le principe de la retraite par capitalisation repose sur le développement de la logique de l’emploi et la marginalisation de la logique de la qualification. La retraite par capitalisation consiste à mettre tous les mois de côté sur un compte rémunéré une partie du salaire nette(= la part du salaire qui est la contrepartie de l’emploi que j’exerce ) pour ma future retraite. La retraite par répartition, au contraire, repose sur la logique de la qualification via la cotisation sociale: une part des salaires est mise dans une caisse commune et redistribuée tous les mois aux retraités.
Le projet gouvernemental se situe évidemment dans une logique de l’emploi et induit le développement d’ un système par capitalisation; pour ne pas avoir à cotiser aussi longtemps pour avoir une retraite à taux plein, beaucoup de personnes vont choisir d’investir dans une retraite complémentaire en y consacrant tous les mois une part de leur salaire= le salaire net= le salaire qui est la contrepartie d‘un emploi. Dans cette logique, c'est le règne du "chacun pour soi" qui prévaut, conformément au credo libéral; dans le système par répartition, c'est un principe de fraternité qui s'impose.
Reste que la proposition de Friot d'aller vers un salaire intégralement mutualisé mérite quand même d'être soumis à la discussion car elle ne semble pas faire droit à ce que j'ai développé ailleurs comme étant la nécessité de faire valoir une pluralité de principes d'intégration économique, ce qui implique ici de conserver une part de salaire direct; on ne peut raisonnablement attendre des individus un comportement exclusivement prosocial; il faut aussi laisser une place à une certaine dose d'égoïsme pour disposer d'institutions qui intègrent toute la complexité de l'âme humaine.
Lexique d’auto défense intellectuelle.
Travail/emploi/pouvoir d’achat
Je rappelle que le programme de Sarkozy tenait en trois mots clefs: travail/ emploi/ pouvoir d’achat. Il est désolant de voir dans les manifestations contre le gouvernement des gens réclamer des emplois et du pouvoir d’achat soit exactement les piliers de la politique des élites qu‘ils pensent combattre!
Emploi et pouvoir d’achat constituent le pile et face d’une même pièce de monnaie. Le salaire, dans la logique de l’emploi, est défini comme un revenu=le temps que la force de travail met pour produire l’équivalent de tout ce qui est nécessaire à la satisfaction de ses besoins pour pouvoir se reproduire et ainsi revenir bosser tous les jours. Ce que le revenu doit garantir, c’est du pouvoir d’achat= avoir de quoi acheter tout ce qui est nécessaire à l’entretien de sa force de travail pour qu’elle se reproduise jour après jour et être ainsi employable. Dans la logique capitaliste la valeur de toute chose y compris celle de la force de travail se mesure par le temps nécessaire à sa production (raison pour laquelle un meuble artisanal contient plus de valeur marchande qu‘un meuble en kit chez Ikea; le temps nécessaire à sa production est plus important). En ce sens, la valeur marchande du travail, c’est le temps que met le travailleur à produire l’équivalent de tout ce qui lui est nécessaire pour reproduire jour après jour sa force de travail=l’ensemble des besoins qu’il lui faut combler par le pouvoir d’achat que lui octroie son salaire. D’où le fait qu’emploi et pouvoir d’achat sont le recto et le verso d’une même feuille. Au contraire, s’opposer aux pouvoirs dirigeants c’est revendiquer ni des emplois, ni du pouvoir d’achat, mais un salaire intégralement mutualisé qui est la reconnaissance d’une qualification et non de besoins qu’il nous faudrait combler et qui sont pour beaucoup des besoins purement factices créés par la logique marchande via la publicité, le crédit et l'obsolescence programmée.
Cotisation sociale/ charge sociale.
Il y a ici aussi à mener une opération de nettoyage du langage: ce qui s’appelle, dans tous les textes officiels de la législation et le code du travail, "cotisation sociale"= la part du salaire qui est indirecte, devient, dans les discours patronaux « les charges sociales ».
Cf. la distinction que fait Baillargeon entre dénoter/connoter pour comprendre l’importance des mots qu‘on emploie pour parler de la réalité. Un mot peut servir à dénoter un objet=le désigner. Mais il sert aussi à connoter cet objet= lui donner une certaine coloration, positive, négative ou neutre qui met en jeu toute une vision du monde; le langage devient ici un enjeu fondamental de pouvoir.
http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/normand/cours1.htm
,Par exemple, appeler "charges sociales" ce qui porte le nom de "cotisation sociale" est une opération de propagande lourde de sens; elle vise à connoter négativement une institution pour faire passer des politiques qui viseront à la supprimer ou du moins à en minorer le poids. Une charge c’est un poids qu’il faut essayer d’alléger le plus possible: parler de "charges sociales", c’est connoter négativement la réalité qu‘on désigne. Parler de "cotisation sociale", c’est au contraire connoter positivement l’institution dont on parle; c’est vouloir dire qu’elle n’est pas une charge, un fardeau lourd à porter mais une façon de mutualiser le salaire suivant un principe de solidarité et de fraternité!
On comprend bien pourquoi, les couches dirigeantes du capitalisme ont tout intérêt à connoter négativement cette institution pour en alléger le poids. La cotisation sociale est une institution en rupture avec la logique de l’emploi. Elle est un tremplin qui peut nous servir à dépasser la logique du capitalisme, c’est-à-dire, aller vers une mutualisation encore plus importante du salaire, tout ce dont ces couches dirigeantes ne veulent à aucun prix.
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