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http://www.dailymotion.com/video/xdrelu_retraites-bernard-friot-4eme-partie_news
1) critique de la réforme gouvernementale (suite): P.I.B, travail, et activité
Quand on parle en ces termes, comme le fait la propagande gouvernementale:
« En 1960 il y avait quatre actifs pour un retraité
En 2010 il y a 2 actifs pour un retraité
En 2050 il y aura un actif pour un retraité
Donc il y a un problème »
On raconte des balivernes et voici pourquoi.
Ce que les réformateurs passent sciemment sous silence, c’est le fait que le C.O.R (le conseil d’orientation des retraites) lui-même prévoit pour l’horizon 2050 un doublement du P.I.B; cela signifie très concrètement que le gâteau à partager entre tous sera deux fois plus gros qu’il ne l’est maintenant ce qui atténue considérablement la portée de l’argument démographique des réformateurs; dire qu’ en 2050, il n’y aura plus qu’un retraité pour un actif et que donc les actifs devront faire deux fois plus d’effort pour alimenter les caisses de retraites est aussi stupide que de dire: en 1900 la population comptait 30% d’agriculteurs; il n’y en a plus aujourd’hui que 3%, donc il n’y a plus assez d’agriculteurs pour nourrir la population donc nous allons, dans l’année qui vient mourir de faim si les agriculteurs ne travaillent pas dix fois plus! Le raisonnement est faussé car il n’intègre pas le fait qu’aujourd’hui, grâce aux gains de productivité (= pour le même temps de travail on produit plus), 3% d’agriculteurs produisent plus que 30% d’agriculteurs en 1900. (1)
Le mensonge consiste donc à se baser sur des chiffres qui ne veulent rien dire puisqu’ils n’intègrent pas l’accroissement du P.I.B que projettent les propres instituts d’Etat comme le C.O.R. La question décisive que soulève Friot est de savoir comment sera obtenu le doublement du P.I.B en 2050? C’est la question absolument fondamentale qui devrait être placée au centre du débat politique. Il est essentiel de voir que l’augmentation du P.I.B peut être obtenue de trois façons qu’il faut distinguer si on veut s’y retrouver pour traiter cette question.
Il existe deux façons de l’augmenter qui passent par des gains de productivité= produire plus pour le même temps de travail. Une dernière façon qui ne passe pas par des gains de productivité.
a) Première façon
La première façon est celle qui correspond au mode de production capitaliste: l’augmentation de la productivité se fait au prix de la surexploitation aussi bien des êtres humains que de notre environnement naturel. On impose des cadences de travail de plus en plus importantes aux salariés et on pille les ressources naturelles à un rythme de plus en plus effréné. Cette voie d’augmentation du P.I.B nous conduit dans une impasse qu’on pressent déjà aujourd’hui (épuisement des ressources naturelles en pétrole, gaz, charbon, uranium etc + dégradation de l’environnement), épuisement des êtres humains au travail. Il est clair qu’il y a aujourd’hui une urgence absolue à imaginer de nouveaux modes d’augmentation du P.I.B si nous voulons sortir des impasses du capitalisme. Friot dégage deux pistes pour cela.
b) Deuxième façon.
Une augmentation du P.I.B qui passe par des gains de productivité qui ne soient plus prédateurs aussi bien des personnes que de la nature; il nous faut imaginer de nouveaux modes de production respectueux des personnes et de la nature ; cela implique aussi la question de savoir ce qu’il faut produire: des semences non reproductibles ? Des vélos? Des voitures? Et sur la base de quelle organisation du travail? il y a ici un champ immense de la recherche qui s’ouvre devant nous et qui devrait être une priorité du débat politique aussi bien que de la recherche techno scientifique.
c)Troisième façon
Une augmentation du P.I.B qui ne passe plus par la recherche de gain de productivité mais
par le fait de donner de la valeur à des activités qui n’en ont pas pour l’instant, ce que Friot appelle la transformation de l’activité en travail. Augmenter le PIB en transformant une activité en travail, c’est par exemple, ce qu’on a fait avec le fait de donner un salaire à l’activité des infirmières; pendant très longtemps, cette activité n’était pas intégrée dans le PIB car elle ne donnait pas lieu à salaire; c’étaient les bonnes sœurs qui exerçaient leur activité d'infirmières comme une vocation au service de Dieu et des hommes. En donnant un salaire pour l'activité des infirmières on a augmenté le P.I.B du pays alors même que la somme totale de production de biens et services est restée la même. C'est, avec la façon précédente, la deuxième voie que préconise Friot pour augmenter le P.I.B car elles seules sont respectueuses de la dignité humaine et de la nature.
Ici, pour comprendre l’essentiel de ce qu’il veut dire, il faut sortir de nos cadres de pensée habituels tels que les élites ont voulu les formater et commencer par nettoyer le langage. Quand on parle par exemple d’actifs pour les opposer aux retraités, il y a un grand coup de « karcher » à passer sur les mots. En effet, parler de retraités pour les opposer aux actifs c’est admettre de façon tacite que les « vieux » ne font rien, qu’ils sont inactifs, qu’ils sont des déchets improductifs qui ne créent plus de valeur. Or ceci est intégralement faux! LES RETRAITES NE SONT PAS DES INACTIFS.
Comme le dit Friot, lui même retraité, il ne s’et jamais senti aussi libre de travailler depuis qu’il est à la retraite et il arrive à pleinement s‘épanouir dans ce qu‘il fait: écrire des livres, organiser des conférences, faire de la recherche, etc. Mais c’est aussi le grand-père qui s’occupe de ses petits enfants, qui travaille dans une association, qui cultive son potager, qui participe aux activités de sa commune etc. Tous ces gens ont une activité mais ne nous leur reconnaissons pas de valeur et c’est pourquoi nous les déclarons « inactifs ».
Au contraire, il nous faut arriver à voir la pension que touche le retraité comme la contrepartie en salaire de son activité de retraité et non pas comme on tend à la voir aujourd’hui comme la contrepartie de ce que lui reverse les actifs! De la même façon qu’il faut voir le salaire des infirmières comme la contrepartie de leur activité d’infirmière et non comme la contrepartie du travail des cotisants, de la même façon les allocations familiales comme la contrepartie de l‘activité d’éducateur des parents. Autrement dit, l’activité des retraités doit participer à l’accroissement du P.I.B par les biens et services que cette activité génère. Notre vision de la vieillesse est à révolutionner entièrement, de ce point de vue; il suffit de voir les maisons de retraites et hospices dans lesquels nous les parquons pour nous en débarrasser!
Cette source d’accroissement du P.I.B est la seule qui implique de ne pas produire plus de biens et de services; il s’agit simplement de faire en sorte de reconnaitre une valeur à des activités qu’on a considéré jusque là comme étant sans valeur. On les a considéré comme étant sans valeur car dans le système capitaliste valeur=valeur marchande= ce qui est susceptible de se vendre ou de s'acheter. Le service que rend une grand-mère en s'occupant de la garde de ses petits enfants n’a pas de valeur marchande donc ne vaut rien. la même activité accomplie par une éducatrice spécialisée est reconnue comme ayant de la valeur. C’est de cet imaginaire capitaliste qu’il faut nous défaire pour penser la question du salaire des retraités. Il faut donc comprendre que la valeur d’un bien ou d’un service est une convention= une libre création des hommes; c’est à nous de décider s’il faut attribuer ou non de la valeur à l’activité des retraités comme pour n’importe quelle autre activité et l‘intégrer ainsi dans le PIB de la même façon qu’on l’a fait pour l’activité des infirmières ou des fonctionnaires.
En ce sens augmenter le P.I.B ne veut pas dire forcément plus de bagnoles, plus de gadgets, plus de voies d’autoroutes, plus d’aéroports, plus d’armes de destruction massive etc. ce qui est le mode capitaliste d’accroissement du P.I.B qui ne sera plus longtemps tenable. Il ne faut donc pas confondre le P.I.B et la somme totale des biens et services qu’une société produit. Il n’y a qu’une partie, très variable suivant les sociétés, de cette activité qui est dotée d’une valeur et intégrée dans le P.I.B. Par exemple, la Chine a sensiblement le même P.I.B que la France alors qu’elle génère bien plus d’activités; seulement, une part bien plus petite de cette activité est intégrée dans le P.I.B.
A suivre...
(1) Ratio de la "dépendance économique" et ratio de "la dépendance vieillesse" ou comment un ratio a pu servir à en cacher un autre qui est nettement moins favorable à l'idée qu'il va falloir travailler toujours plus longtemps. Ce que ne précise pas Friot, c’est le fait que la propagande gouvernementale a encore réussi à fausser la question et à faire la promotion du TINA (there’s no alternative: il n’y a pas le choix; il faut accepter la réforme) d’une autre façon en occultant le chiffre véritablement pertinent ; L’ensemble du débat médiatique sur la question des retraites s’est centré sur l’évolution d’un chiffre qui est le « ratio de dépendance vieillesse », défini comme le rapport entre le nombre de personnes âgées et la population en emploi. Il est intéressant de noter à ce propos que même les adversaires de la réforme dans les milieux de la gauche se sont laissés entrainer sur ce terrain; la question à poser est alors de savoir pourquoi l‘opposition médiatique au projet de réforme est aussi faible et se laisse aussi facilement embarquer sur le terrain de l‘adversaire? Si on accepte de poser le problème dans les termes du ratio de dépendance vieillesse, il devient tout de suite beaucoup plus difficile de s’opposer au mot d’ordre du TINA; comme le dit Gadrey, « lorsqu’on ne regarde que ce chiffre, il fait apparaître une hausse très forte entre 2010 et 2050 (selon des prévisions qui sont loin d’être parfaites) : il passerait de 0,54 à 0,81, soit une progression de 50 %. Dur, dur ! Chaque actif aurait « sur le dos » le financement de 0,81 retraités contre seulement 0,54 aujourd’hui ». (cf. cet article de l'économiste Jean Gadrey pour un traitement approfondi de la question; et la suite ici)
Or, le ratio véritablement pertinent pour bien poser le problème n’est pas celui-ci mais celui de la dépendance économique, à savoir le rapport entre l’ensemble de ceux qui occupent un emploi et l’ensemble de ceux qui sont en situation de non emploi à savoir non pas seulement les retraités mais aussi les jeunes, chômeurs, femmes au foyer etc. Il se trouve que l’évolution pour les années à venir de ce ratio est nettement moins favorable à l’idée diffusée par la propagande gouvernementale que les « actifs » auront à faire beaucoup plus d’effort à l’avenir pour « prendre en charge "les inactifs":" Son évolution est bien moins forte – quatre fois moins précisément - que celle du ratio de dépendance vieillesse : + 13,5 % en 40 ans. Tout simplement parce que l’augmentation de la proportion de personnes âgées sera, en partie, compensée par la diminution de la proportion de jeunes. Et, contrairement à une idée reçue, le coût « d’entretien » des personnes âgées n’est pas plus élevé que celui des jeunes. " (même source) L’intégration de ce ratio dans le raisonnement change d’un coup singulièrement la perspective appelant les travailleurs à devoir faire de terribles sacrifices pour sauver les retraites:"chaque actif n’a pas à se préparer à « porter un sac à dos » plus lourd de 50 % pour les « non actifs », mais seulement de 13,5 %, et cela change fondamentalement la perspective. Le catastrophisme n’est vraiment pas de mise dans ces conditions.".(même source)
Evidemment, il n’a jamais été question de poser le problème en ces termes dans les médias. Voilà en tout cas un bon exemple de la façon dont la propagande peut arriver à manipuler l’arithmétique pour éviter tout débat politique sérieux.
http://www.dailymotion.com/video/xdrelu_retraites-bernard-friot-4eme-partie_news
1) critique de la réforme gouvernementale (suite): P.I.B, travail, et activité
Quand on parle en ces termes, comme le fait la propagande gouvernementale:
« En 1960 il y avait quatre actifs pour un retraité
En 2010 il y a 2 actifs pour un retraité
En 2050 il y aura un actif pour un retraité
Donc il y a un problème »
On raconte des balivernes et voici pourquoi.
Ce que les réformateurs passent sciemment sous silence, c’est le fait que le C.O.R (le conseil d’orientation des retraites) lui-même prévoit pour l’horizon 2050 un doublement du P.I.B; cela signifie très concrètement que le gâteau à partager entre tous sera deux fois plus gros qu’il ne l’est maintenant ce qui atténue considérablement la portée de l’argument démographique des réformateurs; dire qu’ en 2050, il n’y aura plus qu’un retraité pour un actif et que donc les actifs devront faire deux fois plus d’effort pour alimenter les caisses de retraites est aussi stupide que de dire: en 1900 la population comptait 30% d’agriculteurs; il n’y en a plus aujourd’hui que 3%, donc il n’y a plus assez d’agriculteurs pour nourrir la population donc nous allons, dans l’année qui vient mourir de faim si les agriculteurs ne travaillent pas dix fois plus! Le raisonnement est faussé car il n’intègre pas le fait qu’aujourd’hui, grâce aux gains de productivité (= pour le même temps de travail on produit plus), 3% d’agriculteurs produisent plus que 30% d’agriculteurs en 1900. (1)
Le mensonge consiste donc à se baser sur des chiffres qui ne veulent rien dire puisqu’ils n’intègrent pas l’accroissement du P.I.B que projettent les propres instituts d’Etat comme le C.O.R. La question décisive que soulève Friot est de savoir comment sera obtenu le doublement du P.I.B en 2050? C’est la question absolument fondamentale qui devrait être placée au centre du débat politique. Il est essentiel de voir que l’augmentation du P.I.B peut être obtenue de trois façons qu’il faut distinguer si on veut s’y retrouver pour traiter cette question.
Il existe deux façons de l’augmenter qui passent par des gains de productivité= produire plus pour le même temps de travail. Une dernière façon qui ne passe pas par des gains de productivité.
a) Première façon
La première façon est celle qui correspond au mode de production capitaliste: l’augmentation de la productivité se fait au prix de la surexploitation aussi bien des êtres humains que de notre environnement naturel. On impose des cadences de travail de plus en plus importantes aux salariés et on pille les ressources naturelles à un rythme de plus en plus effréné. Cette voie d’augmentation du P.I.B nous conduit dans une impasse qu’on pressent déjà aujourd’hui (épuisement des ressources naturelles en pétrole, gaz, charbon, uranium etc + dégradation de l’environnement), épuisement des êtres humains au travail. Il est clair qu’il y a aujourd’hui une urgence absolue à imaginer de nouveaux modes d’augmentation du P.I.B si nous voulons sortir des impasses du capitalisme. Friot dégage deux pistes pour cela.
b) Deuxième façon.
Une augmentation du P.I.B qui passe par des gains de productivité qui ne soient plus prédateurs aussi bien des personnes que de la nature; il nous faut imaginer de nouveaux modes de production respectueux des personnes et de la nature ; cela implique aussi la question de savoir ce qu’il faut produire: des semences non reproductibles ? Des vélos? Des voitures? Et sur la base de quelle organisation du travail? il y a ici un champ immense de la recherche qui s’ouvre devant nous et qui devrait être une priorité du débat politique aussi bien que de la recherche techno scientifique.
c)Troisième façon
Une augmentation du P.I.B qui ne passe plus par la recherche de gain de productivité mais
par le fait de donner de la valeur à des activités qui n’en ont pas pour l’instant, ce que Friot appelle la transformation de l’activité en travail. Augmenter le PIB en transformant une activité en travail, c’est par exemple, ce qu’on a fait avec le fait de donner un salaire à l’activité des infirmières; pendant très longtemps, cette activité n’était pas intégrée dans le PIB car elle ne donnait pas lieu à salaire; c’étaient les bonnes sœurs qui exerçaient leur activité d'infirmières comme une vocation au service de Dieu et des hommes. En donnant un salaire pour l'activité des infirmières on a augmenté le P.I.B du pays alors même que la somme totale de production de biens et services est restée la même. C'est, avec la façon précédente, la deuxième voie que préconise Friot pour augmenter le P.I.B car elles seules sont respectueuses de la dignité humaine et de la nature.
Ici, pour comprendre l’essentiel de ce qu’il veut dire, il faut sortir de nos cadres de pensée habituels tels que les élites ont voulu les formater et commencer par nettoyer le langage. Quand on parle par exemple d’actifs pour les opposer aux retraités, il y a un grand coup de « karcher » à passer sur les mots. En effet, parler de retraités pour les opposer aux actifs c’est admettre de façon tacite que les « vieux » ne font rien, qu’ils sont inactifs, qu’ils sont des déchets improductifs qui ne créent plus de valeur. Or ceci est intégralement faux! LES RETRAITES NE SONT PAS DES INACTIFS.
Comme le dit Friot, lui même retraité, il ne s’et jamais senti aussi libre de travailler depuis qu’il est à la retraite et il arrive à pleinement s‘épanouir dans ce qu‘il fait: écrire des livres, organiser des conférences, faire de la recherche, etc. Mais c’est aussi le grand-père qui s’occupe de ses petits enfants, qui travaille dans une association, qui cultive son potager, qui participe aux activités de sa commune etc. Tous ces gens ont une activité mais ne nous leur reconnaissons pas de valeur et c’est pourquoi nous les déclarons « inactifs ».
Au contraire, il nous faut arriver à voir la pension que touche le retraité comme la contrepartie en salaire de son activité de retraité et non pas comme on tend à la voir aujourd’hui comme la contrepartie de ce que lui reverse les actifs! De la même façon qu’il faut voir le salaire des infirmières comme la contrepartie de leur activité d’infirmière et non comme la contrepartie du travail des cotisants, de la même façon les allocations familiales comme la contrepartie de l‘activité d’éducateur des parents. Autrement dit, l’activité des retraités doit participer à l’accroissement du P.I.B par les biens et services que cette activité génère. Notre vision de la vieillesse est à révolutionner entièrement, de ce point de vue; il suffit de voir les maisons de retraites et hospices dans lesquels nous les parquons pour nous en débarrasser!
Cette source d’accroissement du P.I.B est la seule qui implique de ne pas produire plus de biens et de services; il s’agit simplement de faire en sorte de reconnaitre une valeur à des activités qu’on a considéré jusque là comme étant sans valeur. On les a considéré comme étant sans valeur car dans le système capitaliste valeur=valeur marchande= ce qui est susceptible de se vendre ou de s'acheter. Le service que rend une grand-mère en s'occupant de la garde de ses petits enfants n’a pas de valeur marchande donc ne vaut rien. la même activité accomplie par une éducatrice spécialisée est reconnue comme ayant de la valeur. C’est de cet imaginaire capitaliste qu’il faut nous défaire pour penser la question du salaire des retraités. Il faut donc comprendre que la valeur d’un bien ou d’un service est une convention= une libre création des hommes; c’est à nous de décider s’il faut attribuer ou non de la valeur à l’activité des retraités comme pour n’importe quelle autre activité et l‘intégrer ainsi dans le PIB de la même façon qu’on l’a fait pour l’activité des infirmières ou des fonctionnaires.
En ce sens augmenter le P.I.B ne veut pas dire forcément plus de bagnoles, plus de gadgets, plus de voies d’autoroutes, plus d’aéroports, plus d’armes de destruction massive etc. ce qui est le mode capitaliste d’accroissement du P.I.B qui ne sera plus longtemps tenable. Il ne faut donc pas confondre le P.I.B et la somme totale des biens et services qu’une société produit. Il n’y a qu’une partie, très variable suivant les sociétés, de cette activité qui est dotée d’une valeur et intégrée dans le P.I.B. Par exemple, la Chine a sensiblement le même P.I.B que la France alors qu’elle génère bien plus d’activités; seulement, une part bien plus petite de cette activité est intégrée dans le P.I.B.
A suivre...
(1) Ratio de la "dépendance économique" et ratio de "la dépendance vieillesse" ou comment un ratio a pu servir à en cacher un autre qui est nettement moins favorable à l'idée qu'il va falloir travailler toujours plus longtemps. Ce que ne précise pas Friot, c’est le fait que la propagande gouvernementale a encore réussi à fausser la question et à faire la promotion du TINA (there’s no alternative: il n’y a pas le choix; il faut accepter la réforme) d’une autre façon en occultant le chiffre véritablement pertinent ; L’ensemble du débat médiatique sur la question des retraites s’est centré sur l’évolution d’un chiffre qui est le « ratio de dépendance vieillesse », défini comme le rapport entre le nombre de personnes âgées et la population en emploi. Il est intéressant de noter à ce propos que même les adversaires de la réforme dans les milieux de la gauche se sont laissés entrainer sur ce terrain; la question à poser est alors de savoir pourquoi l‘opposition médiatique au projet de réforme est aussi faible et se laisse aussi facilement embarquer sur le terrain de l‘adversaire? Si on accepte de poser le problème dans les termes du ratio de dépendance vieillesse, il devient tout de suite beaucoup plus difficile de s’opposer au mot d’ordre du TINA; comme le dit Gadrey, « lorsqu’on ne regarde que ce chiffre, il fait apparaître une hausse très forte entre 2010 et 2050 (selon des prévisions qui sont loin d’être parfaites) : il passerait de 0,54 à 0,81, soit une progression de 50 %. Dur, dur ! Chaque actif aurait « sur le dos » le financement de 0,81 retraités contre seulement 0,54 aujourd’hui ». (cf. cet article de l'économiste Jean Gadrey pour un traitement approfondi de la question; et la suite ici)
Or, le ratio véritablement pertinent pour bien poser le problème n’est pas celui-ci mais celui de la dépendance économique, à savoir le rapport entre l’ensemble de ceux qui occupent un emploi et l’ensemble de ceux qui sont en situation de non emploi à savoir non pas seulement les retraités mais aussi les jeunes, chômeurs, femmes au foyer etc. Il se trouve que l’évolution pour les années à venir de ce ratio est nettement moins favorable à l’idée diffusée par la propagande gouvernementale que les « actifs » auront à faire beaucoup plus d’effort à l’avenir pour « prendre en charge "les inactifs":" Son évolution est bien moins forte – quatre fois moins précisément - que celle du ratio de dépendance vieillesse : + 13,5 % en 40 ans. Tout simplement parce que l’augmentation de la proportion de personnes âgées sera, en partie, compensée par la diminution de la proportion de jeunes. Et, contrairement à une idée reçue, le coût « d’entretien » des personnes âgées n’est pas plus élevé que celui des jeunes. " (même source) L’intégration de ce ratio dans le raisonnement change d’un coup singulièrement la perspective appelant les travailleurs à devoir faire de terribles sacrifices pour sauver les retraites:"chaque actif n’a pas à se préparer à « porter un sac à dos » plus lourd de 50 % pour les « non actifs », mais seulement de 13,5 %, et cela change fondamentalement la perspective. Le catastrophisme n’est vraiment pas de mise dans ces conditions.".(même source)
Evidemment, il n’a jamais été question de poser le problème en ces termes dans les médias. Voilà en tout cas un bon exemple de la façon dont la propagande peut arriver à manipuler l’arithmétique pour éviter tout débat politique sérieux.
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