dimanche 19 juillet 2015

6-Rouge-Blanc-Bleu, épilogue: que faire?

Mise à jour, le 20-06-2019.


La réinvention des premiers socialismes
Parvenu à ce point, une question s'impose pour finir, celle à laquelle L. Tolstoï avait donné le titre d'un de ses textes, cherchant à faire face au défi que posait la terrible misère de la Russie de son époque: Que faire? La situation, telle qu'elle se présente pour nous, aurait de quoi, en effet, laisser désarmé. Nous avons le socialisme qui a été définitivement liquidé par la gauche libérale, un capitalisme qui tend à devenir totalitaire et une droite extrême pour laquelle tout semble conspirer pour qu'elle prenne encore plus d'ampleur. Sortir de cette triple impasse ne sera évidemment pas une mince affaire. On peut commencer, du moins, par explorer cette piste: si le socialisme a bien été enterré par la gauche libérale, cela ne veut pas dire pour autant qu'il aurait épuisé toutes ses potentialités émancipatrices et qu'il n'y aurait plus rien à tirer de son histoire pour notre présent. En un raccourci saisissant, le socialiste anglais du XIXème siècle, William Morris  avait résumé de façon prophétique, tout ce que sera l'histoire du socialisme depuis ses origines, au début du XIXème siècle, jusqu'à aujourd'hui: "Les hommes combattent et perdent la bataille, et la chose pour laquelle ils ont lutté advient malgré leur défaite. Quand elle advient, elle se révèle être différente de ce qu'ils avaient visé, et d'autres hommes doivent alors combattre pour ce qu'ils avaient visé, sous un autre nom." (cité par M. Abensour, Préface à E. P. Thompson, La formation de la classe ouvrière anglaise, XLVIII)


vendredi 19 juin 2015

5-Le cocktail du populisme d'extrême droite

Dernière mise à jour, le 20-06-2019

L'extrême droite actuelle n'est évidemment plus ce qu'elle pouvait encore être jusqu'en 1945 avant la chute du gouvernement de Vichy qui constitue, comme on l'a vu, la dernière tentative de restauration de l'Ancien Régime. Comme le concluait Eugen Weber, au terme de son travail sur l'extrême droite française de la première moitié du XXème siècle, "le royalisme est mort et enterré [...] Le Pen aurait pu n'avoir jamais entendu parlé de l'Action Française." (E. Weber, L'Action Française, p. 629) Pour saisir pleinement la portée de cette remarque, il faut à nouveau mobiliser ici le concept de mouvement sinistrogyre (rotation vers la gauche) qui avait défini la dynamique du champ politique depuis la Révolution de 1789. Si on replace en imagination le parti de Le Pen dans le contexte du XIXème siècle, il aurait certainement paru comme un parti de centre-gauche, à tout le moins. Cela signifie donc que c'est la gauche qui a envahi la quasi totalité du champ politique aujourd'hui et que même ce que l'on considère comme l'extrême droite est issue de la même matrice intellectuelle et politique que la plupart des partis de gauche actuels:"En France, il existe deux partis de gauche dont l'un, par convention, s'appelle la droite." (bis repetita. M. Druon)
 Il faut quand même, il me semble, un peu nuancer cette mort proclamée de la droite originelle. En effet, même s'il n'est plus question, à part dans quelques sectes intégristes folkloriques, comme dans le cinquième arrondissement de Paris autour de l'Eglise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, de rétablir le monarchie et le pouvoir de l'Eglise, l'actuelle populisme d'extrême droite n'en réactive pas moins certaines composantes essentielles de ce que fut autrefois l'emblème blanc de la nation, d'une façon évidemment nouvelle. On retiendra principalement de ce cocktail trois ingrédients qui seront complétés par quatre autres, moins centraux dans l'analyse ici: le nationalisme, l'antisémitisme (haine du juif), la sécurité et le patriarcat (domination des hommes sur les femmes) Avec ce tout, on aura faire un tour d'ensemble assez complet de la question...

jeudi 12 mars 2015

2c) Travailler pour avoir un revenu ou avoir un revenu pour travailler

 "Quand un homme sollicite du travail, ce n'est pas du travail qu'il demande, mais un salaire." (Evêque Whately)
 
Dernière mise à jour, 09-06-2019.

Cette formule, que j'emprunte à Götz Werner, militant pour le revenu inconditionnel en Allemagne, sera appréhendée ici d'abord dans les termes d'une problématique polanyienne du réencastrement de l'économie, puis dans celle, maussienne, du renouvellement des gisements du don, les deux, ici encore, se complétant parfaitement...

mercredi 11 février 2015

2b) Revenu inconditionnel, revenu de citoyenneté

Le concept d'un revenu inconditionnel pensé sous la forme d'un revenu de citoyenneté est celui que privilégient les chercheurs du MAUSS comme Caillé ou Chabal et Temple. Il est difficile ici de ne pas être tenté de faire le parallèle avec les indemnités qui étaient garanties aux citoyens pauvres de l'Athènes démocratique de l'antiquité pour leur permettre tout à la fois d'exercer leurs droits à la citoyenneté et d'échapper à des formes de dépendance personnelle et de clientélisme à l'égard de l'oligarchie (les riches familles de la Cité) qui risquaient sérieusement de saper les bases de la démocratie...