samedi 29 mars 2014

2) Critique du capitalisme cognitif


Dernière mise à jour, le 19-03-2018.
Notions du programme en jeu: la morale, la technique, le droit, les échanges, la culture, la raison et le réel, théorie et expérience, la démonstration, la politique, la liberté, le travail, le temps.

Cognitif: qui a trait à la connaissance.
La radicalisation de la société de marché en direction de la connaissance présente des difficultés immenses. Il est impossible de clôturer de  la connaissance comme on enclot de la terre. La raison en est que la connaissance est un type de bien présentant des caractéristiques incompatibles avec les impératifs  d'une économie de la rareté qui est celle d'une société de marché (une société à dominante capitaliste; nous prenons ici le  terme tellement controversé de"capitalisme", en ce sens précis: il définit un type de société qui est encastrée dans son économie et non plus une économie encastrée dans la société; voir a. La société moderne de marché).

Economie de la connaissance       Economie néoclassique
registre de l'immatériel                        registre du matériel
registre de l'abondance                       registre de la rareté
bien non rival                                      bien rival
bien non exclusif                                 bien exclusif
bien cumulatif                                    bien non cumulatif

dimanche 23 mars 2014

1) Approche polanyienne du problème central de l'histoire sociale des temps modernes. Son traitement libéral

Dernière mise à jour, le 14-06-2019.

-Formulation du problème
 Le problème inédit que pose le développement d'une société de marché, sur une échelle jusque là inconnue dans l'histoire humaine, est celui que nous avons à affronter aujourd'hui pour penser sa crise et la façon dont on peut espérer en voir l'issue. Nous sommes ici à la croisée des chemins. L'alternative est la suivante. Soit, radicaliser le principe de l'économie de marché; cette solution postule que toutes les difficultés que nous rencontrons aujourd'hui viendraient d'obstacles divers empêchant le marché de produire ses effets supposés vertueux; c’est la position ultra majoritaire des élites aux commandes des affaires du monde. Soit, soutenir, comme le faisait déjà Polanyi pour penser la grande crise des années 1930, qui a conduit à l'avènement du fascisme un peu partout en Europe, que le principe même d’une société organisée sur la base d’un marché auto régulateur et créateur de prix prétendant intégrer les facteurs de production nécessaires à la subsistance humaine que sont la terre, le travail, la monnaie, et, aujourd'hui, la connaissance, est une impossibilité, et pire, une "utopie destructrice".

lundi 17 mars 2014

5) Les sociétés modernes de marché et l'échange

Dernière mise à jour, le 20-03-2018.

Echange vs réciprocité
Le dernier principe d'intégration économique est celui de  l’échange marchand qui est, dans l'immense majorité des sociétés, qu’une annexe jouant rôle mineur. Pour commencer, il ne faut surtout pas confondre échange et réciprocité. Ils représentent deux principes diamétralement opposés d'intégration économique. L'échange relève de la logique marchande et implique un antagonisme entre les individus; la réciprocité relève d'une logique de don et implique, au contraire, la création d'un lien entre les individus. Le témoignage de l'homme du squat de Can Masdeu en Espagne  mesure bien le fossé qui sépare les deux:"On fait du pain pour les villages alentour. On l'échange ou on le donne, c'est beaucoup plus souple. Ce n'est plus si clair. -C'est complètement informel alors? Non, pas complètement, ça dépend des relations de confiance. Moins tu connais les gens, plus c'est formel. Quand les grosses structures ont disparu, les gens qui avaient formé ces relations de confiance ont eu un nouveau statut dans la société. Ce n'était pas une minorité et c'est devenu quelque chose en quoi tu peux avoir confiance. Beaucoup de gens se sont impliqués dans ces réseaux parce que c'était la meilleure façon de survivre." (voir à partir de 38'40 dans Les sentiers de l'utopie de Fremeaux et Jordan)

vendredi 14 mars 2014

4) L'administration domestique

Mise à jour, le 03-06-20.

Prédominance de l'administration domestique: le mode de vie autarcique des maisonnées
 Le principe de l'administration domestique prévaut dans une économie de maisonnées vivant de façon plus ou moins autarciques: "Le troisième principe, qui était destiné à jouer un grand rôle dans l'histoire, et que nous appellerons principe de l'administration domestique, consiste à produire pour son propre usage." (Polanyi, La grande transformation, p. 99) Les membres de la maisonnée  produisent l'essentiel de ce dont ils ont besoin et mettent leurs ressources en commun suivant des rapports hiérarchiques, le plus souvent, avec, à son sommet, le maître de maison. La vie domestique, conformément à son étymologie, vient du latin "domus":"Selon le dictionnaire Petit Robert, domus désigne ce qui a trait à la maison en même temps que domestiquer signifie "apprivoiser" et "amener à une soumission totale, mettre dans la dépendance."" (Hillenkamp, Le principe de householding aujourd'hui dans, Socioéconomie et démocratie, l'actualité de Polanyi, p. 224) 

mercredi 12 mars 2014

3) Les sociétés archaïques et la redistribution

 Mise à jour, 26-05-2020

Commençons par dresser un tableau comparatif qui récapitule les principaux points d'opposition entre les sociétés primitives et les sociétés archaïques. Nous en expliciterons ensuite les différents sens.


Société primitive
a)Prévalence de la réciprocité 
b)Société contre l'Etat
c) Clans, parenté
d)Sociétés plus ou moins égalitaires
e)La chefferie en dette à l'égard de la société
f) Solidarité                                                                                                  
g)Chaîne sans fin de dons-contre dons suivant des axes de symétrie                                                                                  

Société     archaïque                                                                                                                                                       a)Prévalence de la redistribution
b)Société à Etat
c)Castes, ordres, classes sociales
d) Stratification sociale, inégalités économiques
e)La société en dette à l'égard  de la chefferie
f) Protection-fidélité
g)Structure en étoile









samedi 8 mars 2014

2) Les sociétés primitives et la réciprocité

Mise à jour, 27-05-20

La réciprocité du don
Partons de cette légende soufie (le soufisme est un courant ancien de la mystique de l'Islam aujourd'hui persécuté par les fondamentalistes religieux), pour comprendre le principe d'intégration économique  qui prévaut dans les sociétés primitives, en commençant tout de suite par circonscrire ce ce que nous entendrons par là: des sociétés qui ignorent l'institution de l'Etat, sans écriture, et qui utilisaient encore à l'époque où l'on a pu les découvrir des outils de pierre taillés. Ce sont donc des sociétés qu'on a eu l'habitude de taxer d'arriérés, non civilisées, restées à quai en laissant filer le train de l'histoire, toujours définies par ce qui leur manquerait, et non positivement par ce qu'elles pourraient avoir qui manquerait plutôt aux nôtres, comme ne manquait pas de le faire remarquer l'anthropologue P. Clastres. Et pourtant ce que l'anthropologie nous appris d'elles invite à beaucoup de circonspection touchant cette représentation misérabiliste. Comme on a eu l'occasion de le développer dans cet article, au paragraphe, Le chimpanzé prométhéen vs le bonobo hermessien, on ne peut se contenter de réduire l'intelligence suivant les critères qu'on a l'habitude d'employer. Il y en a aussi une forme qui relève des capacités de coopération sociale. Et sous cet angle, les sociétés dites "primitives" le sont d'un coup nettement moins, si l'on s'en tient à la connotation habituellement péjorative du terme:
 a a


mardi 4 mars 2014

2) La question du renouvellement des gisements du don ou réencastrement de l'économie, a) Le marteau de l'économie et la question de la confiance mutuelle

Dernière mise à jour, le 26-03-2018


On peut formuler les termes du problème ici en jeu, aussi bien suivant une problématique du renouvellement des gisements du don héritée de l'anthropologie de Mauss, que suivant celle du réencastrement de l'économie  telle qu'on peut l'élaborer en s'inspirant de l'oeuvre fondatrice de Polanyi. Les deux approches me semblent parfaitement complémentaires. La seconde va nous renvoyer à l'image du marteau de l'économie tandis que la première permettra de poser la question de la confiance mutuelle. Il devra apparaître alors que la proposition d'un revenu inconditionnel s'inscrira dans un projet beaucoup plus vaste de resocialisation des comportements et de réencastrement de l'économie, le tout ordonné à un projet politique de radicalisation de la démocratie.