jeudi 30 janvier 2014

1c) Les racines historiques de l'institution des camps de concentration totalitaires

Dernière mise à jour, le 29-03-2018

Ce processus historique de constitution d'un marché économique pour la terre et le travail censé se régler de lui-même par la loi de l'offre et la demande, doit donc produire conjointement une masse d'individus devenus superflus. Comme le dit Marx, "la création du prolétariat sans feu ni lieu [...] allait nécessairement plus vite que son absorption par les manufactures naissantes." (Le capital, Livre 1, p. 740) La gestion politique de ces masses d’humains devenus superflus met en jeu une réflexion, sur la signification de l’invention propre au XXème siècle que constituent les camps de concentration et d’extermination totalitaires.(1)

1b) La tragédie actuelle de la famine dans le monde

 Dernière mise à jour, le 29-03-2018

La protection sociale dont bénéficie l’individu dans toutes les sociétés, en règle générale, à l’exception notable de celle que préconise l’utopie des théoriciens de la société de marché peut  se formuler ainsi: si l’individu y meure de faim c’est parce que c’est toute la société qui est en situation de famine. Cela a pu se produire pour les formes traditionnelles d'orgainsation sociale, fondamentalement, de deux façons. Soit, depuis les temps les plus reculés, par suite d’une calamité naturelle, ou alors par la désintégration du tissu social sous l‘effet d‘une puissance colonisatrice comme cela s‘est produit fréquemment dans l‘histoire moderne. Dans une peuplade d'Afrique noire comme les Nuers:"On peut dire d'une manière générale qu'on ne meurt de faim dans un village nuer que si tout le monde meurt de faim."(C. Harman, Une histoire populaire de l'humanité, p. 30) Comme le développe aussi bien Polanyi: "Dans le système territorial des Cafres (Afrique noire), par exemple, « la misère est impossible; il n’est pas question que quelqu’un, s’il a besoin d’être aidé,  ne le soit pas ». Aucun Kwakiutl (Indien d'Amérique du Nord) « n’a jamais couru le moindre risque d’avoir faim »[…] C’était également un principe admis qu’on était à l’abri du besoin dans la communauté du village indienne, et, pouvons-nous ajouter, dans presque n’importe quel type d’organisation sociale jusqu’à l’Europe du début du XVIème siècle […] C’est parce que l’individu n’y est pas menacé de mourir de faim que la société primitive est, en un sens, plus humaine que l’économie de marché, et en même temps, moins économique. Chose ironique, la première contribution de l’homme blanc au monde de l’homme noir a consisté pour l’essentiel à lui faire connaître le fléau de la faim. » ( Polanyi, La grande transformation, pp. 235-236)

dimanche 19 janvier 2014

1a) Le mouvement des enclosures de la terre

 Mise à jour, 28-05-20

1) Le défi de la superfluité humaine.
Cette ligne de développement parcourt toute la longue histoire de l'idée d'un revenu inconditionnel pour une raison première. L’histoire du capitalisme moderne, depuis la fin du  XVème siècle, s’est  accompagnée de la production, par vagues successives, de masses de plus en plus importantes d’humains devenus superflus, d‘humains qui sont en trop et pour lesquels il n‘y plus de place dans le monde. Il est de la plus haute importance de revenir aux racines historiques de ce phénomène pour bien saisir toute l’ampleur du défi à relever.

Autour de l'hypothèse d'un revenu inconditionnel: de défis qui attendent l'humanité. Présentation

Dernière mise à jour, 14-06-2019


"Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler." (Article 21, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793)

Pour une présentation de ce que pourrait être un revenu inconditionnel, on peut visionner ce documentaire suisse - allemand de D. Häni et E. Schmidt, qui en donne une version parmi d'autres à imaginer:



Et, sur le même thème, le documentaire, Un revenu pour la vie du collectif les Zooms Verts qui complète très bien le précédent, même si on y trouve l'un ou l'autre passage sujet à caution, pour employer un euphémisme.

En guise de préambule indispensable, il faut commencer par distinguer rigoureusement deux versions radicalement opposées du revenu inconditionnel. D'une part, les multiples déclinaisons de la version libérale qui ont toutes comme objectif d'accentuer encore d'avantage le mouvement de marchandisation du monde. Dans ce cadre, le revenu inconditionnel serait un dispositif s'accompagnant d'un démantèlement de l'Etat providence garantissant la protection sociale, et un instrument de pression à la baisse sur les salaires. Il viserait donc fondamentalement à renforcer encore plus l'emprise du marché sur la vie des sociétés. A cela, il faut donc opposer, avec toute la rigueur possible, les déclinaisons de la version émancipatrice, qui se donnent, tout au contraire, comme objectif, de libérer les individus de l'étau du marché du travail. Inutile de préciser que la version qui sera argumentée ici est celle-ci. La non prise en compte de cette distinction est à la source de toutes les confusions, nombreuses, particulièrement dans les rangs de ceux qui se proclament de gauche, qui règnent aujourd'hui sur ce sujet. En outre, en tenir compte relève d'un principe élémentaire d'auto défense intellectuelle. En effet, on voit émerger aujourd'hui, de plus en plus, ce sujet dans le débat politique, et il y a fort à parier que ce n'est pas fini. Le problème, c'est que la version qui a probablement le plus de chances de s'imposer, n'est pas forcément celle que l'on souhaiterait. D'où la nécessité absolue de savoir, dans chaque cas, à quelle version, au juste, on a affaire...