samedi 21 septembre 2013

1) En quel sens la liberté et la connaissance de soi sont liées ?


"Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites." (Sun Tszu, L'art de la guerre, Vème siècle avant J-C)
"Au moment d'avancer, nombreux sont ceux qui ne savent pas que l'ennemi marche à leur tête. La voix qui les commande est la voix de leur ennemi. Et qui parle de l'ennemi est lui-même l'ennemi." (Bertolt Brecht)

Introduction
"Gnothi seauton" (Connais-toi toi-même), voilà, selon Platon, le plus ancien précepte qui était gravé sur le temple de Delphes:"J’irais presque jusqu’à dire que cette même chose, se connaître soi-même, est tempérance, d’accord en cela avec l’auteur de l’inscription de Delphes. Je m’imagine que cette inscription a été placée au fronton comme un salut du dieu aux arrivants, au lieu du salut ordinaire  "réjouis-toi", comme si cette dernière formule n’était pas bonne et qu’on dût s’exhorter les uns les autres, non pas à se réjouir, mais à être sages." (Platon, Le Charmide, 164d) Ainsi, la sagesse s'identifierait  avec la connaissance de soi et la philosophie entendue en son sens littéral, comme quête de la sophia, de la sagesse, serait la recherche de la connaissance de soi.S'agit-il là d'une voie d'exploration qui n'intéresserait qu'une petite élite du savoir, ou alors, la démarche philosophique, entendue en ce sens, n'a-t-elle pas, au contraire, des implications qui devraient intéresser  la liberté de tout un chacun? Et la liberté entendue en quel sens? L'intérêt premier d'un tel conseil, comme nous allons commencer par le montrer, est de nous mettre sur la voie d'exploration des profondeurs inconscientes de l'activité de l'esprit dont nous ne soupçonnons même pas l'existence dans le cours ordinaire de la vie(partie 1). La portée pratique d'une telle démarche est considérable, d'autant plus, à une époque comme la notre, où la connaissance de l'humanité tend à se transformer en technique de domination sur l'humanité (partie 2). Ce qui nous conduira au concept de libre nécessité, de la liberté entendue comme conscience de la nécessité  et non comme absence de nécessité comme le laisse croire l'illusion universellement partagée du libre-arbitre, et, donc, à l'idée que l'affirmation de la liberté est inséparable de la démarche qu'invite à suivre la philosophie du "gnothi seauton" (partie 3)...