vendredi 9 novembre 2012

1) Aspect de la crise anthropologique des sociétés modernes: la régression narcissique dans la société du spectacle

Dernière mise à jour, 28-05-20

La pseudo contradiction entre le travailleur ascétique et le consommateur hédoniste
De prime abord, le capitalisme semble "en guerre contre lui-même" (.Daniel Bell, Les contradictions culturelles du capitalisme) dans la mesure où il lui faut des travailleurs  et des consommateurs présentant des traits caractéristiques contradictoires les uns avec les autres.
Travailleur ascétique
 Discipline, ordre moral
Soumission à l'autorité, respect de la hiérarchie, culte de l'effort
vs
Consommateur hédoniste
Culture de la transgression (faire sauter tous les interdits entravant la transformation des biens et services en marchandises; exemples: le marché du sexe, de la drogue, du rock, etc.) 
Effondrement des formes traditionnelles de  l'autorité (l'enfant et la femme "s'émancipent" en accédant, eux aussi, au marché des biens de consommation)

La capitalisme de la consommation de masse saperait ainsi ses propres valeurs, celles requises pour le bon fonctionnement de son mode de production reposant sur la séparation entre des dirigeants et des exécutants. Il lui faut être à la fois répressif pour le travailleur et permissif pour le consommateur (Michel Clouscard)

samedi 3 novembre 2012

De l'émancipation des femmes

Dernière mise à jour, le 19-04-2018

I La pseudo émancipation
L’accès du désir féminin au marché des cigarettes



La façon dont Edward Bernays, le principal fondateur des techniques publicitaires au XXème siècle, appliquées aussi bien au domaine de la consommation de masse que de la politique, réussit dans les années 1920, aux Etats Unis, à conquérir le marché des cigarettes pour les femmes est significatif de toutes les ambiguïtés dont a été porteur le mouvement d’émancipation des femmes au XXème siècle. Pour les publicitaires comme Bernays, il s’agissait de détruire tous les tabous et interdits (ici le tabou interdisant aux femmes de fumer en public) liés à l’héritage de la famille patriarcale, la domination de l'homme sur la femme réduite aux tâches domestiques du foyer, pour faire accéder le désir féminin à l'achat de marchandises. Pour cela il était nécessaire d’associer dans l’imaginaire des américains, suivant un principe élémentaire de manipulation des foules qui est celui de l'association d'idées, le combat pour l’émancipation des femmes avec l’accès au marché économique des biens de consommation: d’où les cigarettes vendues comme des "torches de la liberté" et associées à la symbolique de la statue de la liberté. En réalité, c’était pour mieux les soumettre en tant que consommatrices de marchandises à la domination des grandes firmes capitalistes, et ouvrir à celles-ci une immense réserve de consommatrices qui allaient leur permettre de conquérir la moitié de l'humanité. Evidemment, maintenant que tout le monde est averti des effets profonds de dépendance et d'empoisonnement des cigarettes (ce qui était très loin d'être le cas à l'époque), cela peut prêter à sourire, si l'on ose dire, de les avoir vendu comme des symboles d'émancipation. Il n'empêche: la propagande publicitaire de Bernays a été d'une redoutable efficacité...